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Positif Direct de Bayard

Démarré par Alexis Gaillac, 11 Septembre 2011 à 14:03:01

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Alexis Gaillac

Salut,

Entre deux essais de calotypes, j'ai testé le positif direct de Bayard.

Ma source: http://notesonphotographs.org/images/0/08/Tania_Passifiume_Bayard_for_web.pdf
- Préparer un papier salé classique.
- Le faire complètement noircir aux UV.
- Laver et sécher.
- Tremper dans iodure de potassium à 4%.
- Exposer encore humide (J'ai tenté 2h à f/5.6 en plein soleil. L'arches platine, relativement épais était encore un peu humide après ces 2h).
- Laver, fixer, laver et sécher.

Premier test en 4x5 (le célèbre point de vue de la fenêtre du labo d'Albertville):



Sur le papier, c'est pas compliqué, à part la prise de vue humide pendant 30min à 2h ...
N'ayant jamais vu de positif direct issu de cette technique, je ne sais pas si je peux espérer un meilleur contraste (qui est ici un peu augmenté par le scan). Donc si quelqu'un a déjà expérimenté cette technique, je suis preneur d'infos !

Alexis.

Lionel

On en parlait justement avec Rémi au téléphone il y'a trois semaines.  :)

J'avais essayé il y'a deux ou trois ans, et je n'ai jamais réussi à obtenir meilleur contraste. Mes images étaient dailleurs plus pâles encore que les tiennes.

Je pense que c'est une limite du procédé qu'on ne peut dépasser. Il faudrait demander son avis à Bayard lui-même !  :D

troisieme type

Si je comprend bien, la sensibilisation à l'iodure de potassium permettrait de faire blanchir le papier à la réaction de la lumière?
Est-ce que queqlu'un sait si c'est un procédé comparable qui est utilisé pour le papier positif direct d'Harman? (c'est que, je suis assez intrigué, en ce moment, par les techniques qui permettent de mener directement à un positif...)

Alexis Gaillac

C'est ce que j'ai compris, oui, mais cette réaction nécessite un papier encore humide, et pas de révélateur.
Donc c'est peut-être le même principe, mais cela semble assez éloigné du papier Harman ...

Malouk

Bien le bonjour,
Tout d'abord félicitation pour ce résultat.
Je suis desole du déterrage de post mais une petite question m'interroge.
Est ce que quelqu'un sait si c'est avec ce procédé ou avec l'autre procédé positif direct que l'autoportrait en noyé a été prit?

Collet

tout d'abord compliment à Alexis .........pour cette image
Nos aïeux, ont inventé mille  méthodes sur papier pour s'affranchir du poids de plaques .
Si vous avez la patience, je viens de ressaisir quelques pages du roret....
J.C

Collet


Origine, progrès et avenir de la photographie sur papier. (deuxième partie)

CHAPITRE PREMIER

Avant de passer à la description des di-verses méthodes et usages pour obtenir des images photographiques sur papier sec ou humide, il n'est pas sans utilité ni sans intérêt de rappeler en quelques mots les différentes bases parcourues par le procédé purement sur papier, depuis son origine jusqu'à nos jours.
Nous avons déjà vu que la première photo-graphie sur papier inventée en Angleterre par M. Fox Talbot, au moment même où Daguerre publiait en France son immor-telle découverte, était restée stationnaire jusqu'au moment où elle reçut en quelque sorte une nouvelle existence entre les mains de M. Blanquart Evrard (1847). Cette longue période d'inertie, regrettable au point de vue des progrès qui auraient pu être accomplis, peut s'expliquer facile-ment.
A peine lancée dans le domaine public, l'invention de Daguerre, exploitée par des milliers d'amateurs, était arrivée en peu de temps à une perfection qui semblait défier toute rivalité ; et le public accoutumé à cette pureté de lignes, à l'exactitude de trait qui caractérise les produits de la daguerréotypie, ne paraissait guère disposé à accepter un procédé qui était loin d'offrir les mêmes avantages.

Il faut en convenir, en effet, que la photo-graphie de Talbot ne se révélait pas au monde avec les mêmes attraits, avec la même coquetterie qui séduisait au premier abord dans la plaque daguerrienne Elle n'avait pas pour elle l'appui des noms les plus illustres de nos corps savants ; sem-blable à la pauvre Cendrillon, elle était délaissée de tous, et c'est à peine si, en passant, on daignait jeter un regard de pitié sur ses vêtements sombres et vergetés de taches. Cependant à travers la gaucherie et le négligé de la débutante on pouvait déjà deviner les beautés d'un ordre supérieur, qui, en manifestant dans tout leur éclat, devaient faire trembler sa rivale préférée et lui arracher un jour le sceptre de la vogue. On se souvient encore de l'enthousiasme qui se produisit à l'apparition des premières épreuves lancées dans le public par M. Blanquart-Evrard ; on leur trouva un air moins compassé, plus artistique qu'aux images daguerriennes ; dès ce moment une réaction générale se manifesta en faveur de l'invention de Talbot, et à part quelques esprits prévenus et ceux qui avaient à dé-fendre une position acquise, on put juger dès-lors que la plaque métallique aurait bientôt fait son temps. Les années qui suivirent sont les plus glorieuses pour la photographie sur papier, elle réalisait chaque jour de nouveaux progrès, et si la faveur publique lui était restée, il n'est pas douteux qu'elle serait arrivée à la perfec-tion. Mais hélas, cette reine d'un jour de-vait à son tour être détrônée par une nou-velle venue, plus accorte, plus brillante, plus rapide dans ses allures, la photographie sur verre collodionné. Tout en nous inclinant avec la foule devant cette idole du jour et en rendant une justice méritée à ses éminentes qualités, il nous sera bien permis de nous préoccuper du prix qu'elle attache à ses faveurs. Ces glaces si dispendieuses, si encombrantes, si lourdes, si fragiles, ces images si facilement altérables par le frottement, cette obligation rigoureuse  de n'employer le collodion qu'à l'état humide, voila certes autant d'obstacles qui pour longtemps encore, circonscriront l'usage de la plaque collodionnée dans l'intérieur des ateliers de portraits. Cependant la photographie d'excursions, de sites, de paysages, a bien aussi ses exigences, auxquelles il faudrait donner une juste satisfaction. C'est pour cela que, malgré l'invasion du collodion, le cliché sur papier est encore demeuré la plus précieuse ressource du photographe paysagiste, et l'on a vu, entre les mains habiles de MM. Baldus, Legray, Humbert de Molard, ce qu'on peut obtenir d'une étude persévérante de la photographie sur papier.
Cependant, dira-t-on, l'image photo-graphique sur papier est lente clans sa venue, indécise dans ses contours. Nous ne dissimulerons pas la gravité de l'objection. Mais ces obstacles sont-ils absolument in-surmontables, et faut-il renoncer à l'espoir d'en triompher un jour?
Nous ne le pensons pas, et si notre faible voix pouvait avoir quelque autorité, nous adjurerions tous les amis sincères de la photographie de reprendre avec une nouvelle ardeur l'étude du cliché sur pa-pier. Il n'est pas possible que les efforts réunis de tant d'hommes habiles n'amènent pas un jour le résultat désiré de tous.
Qu'en attendant, le collodion reste un admirable expédient entre les mains de ceux qui ne peuvent ou qui ne veulent pas ajourner leurs jouissances, nous sommes loin d'y contredire, mais qu'on ne nous force pas à le regarder comme le dernier mot et le nec plus ultra de la photographie. Qu'on nous traite, si l'on veut, d'utopiste, de visionnaire, de rêveur, nous avons foi en la résurrection future de la photographie pure sur papier. Elle renaîtra le jour où la fabrication du papier, plus soucieuse de ses véritables intérêts et de ceux des photographes, s'efforcera par des essais sérieux, de créer des produits irréprochables au point de vue photographique. Il y a là de beaux bé-néfices à réaliser; entre le prix d'une feuille de papier et celui d'une glace au cours actuel, il y a une marge assez grande, et à mérite et à prix égal le public donnera toujours la préférence au papier sur le verre. Mais en attendant que par la seule force des choses, la photographie sur papier, transformée et rajeunie, soit revenue à son point de départ, servons-nous des ressources provisoires que l'albumine et le collodion mettent entre nos mains, sans jamais abandonner toutefois l'étude de la photographie pure sur papier ni les expériences qui doivent la conduire à la perfection. C'est pour faciliter ces études que nous avons fait, dans notre livre, à cette photographie une part plus large que celle qu'on lui réserve dans les traités actuels. Nous décrirons donc avec quelques développements les meilleurs moyens d'obtenir des clichés négatifs sur papier humide ou sec.

CHAPITRE II
Procédé publié par M. Blanquart-Evrard, et perfectionné par M. Guillot-Saguez.

Nous avons déjà dit que si M. Blan-quart-Evrard n'était pas l'inventeur de la photographie sur papier, il pouvait du moins revendiquer le mérite de l'avoir popularisée en France, en montrant le premier des images acceptables au point de vue de l'art, et en publiant avec une loyauté et un désintéressement  qui lui font honneur, une méthode où les manipulations sont décrites avec clarté et précision. A partir de ce moment, la photographie sur papier était lancée, et en se conformant scrupuleusement aux indications de M. Blanquart-Evrard, chacun pouvait reproduire les résultats obtenus par le maître lui-même. Bientôt les essais entrepris de toutes parts ouvrent la voie à une foule de perfectionnements, et grâces aux travaux de MM. Guillot-Saguez, Humbert de Molard, Aubrée, Legray, Niepce de Saint-Victor et Archer, on réalise chaque jour de nouveaux progrès et bientôt on arrive aux merveilles de l'albumine et du collodion.
On nous a accusés dans le temps d'avoir montré à l'égard de M. Blanquart une partialité un peu trop bienséante, et d'avoir surfait le mérite de sa publication désintéressée. Cependant, qu'on nous dise de bonne foi où en serait aujourd'hui la photographie, si M. Blanquart n'avait pas réveillé la belle au bois dormant de Tal-bot ? Ce n'est donc pas un médiocre hon-neur pour M. Blanquart que d'avoir donné l'impulsion à tout ce qui s'est fait depuis sa première publication.
Admis à participer aux expériences faites au collège de France en 1847 par M. Blanquart, en présence d'un comité de savants distingués pour examiner ce procédé, j'ai pu étudier avec un soin minutieux les détails de routes les manipulations qui, dès cette époque amenaient déjà de si remarquables résultats. Mes observations ont été consignées dans le journal Technologie. Aujourd'hui ce travail a un peu vieilli, mais comme il renfermait les principes sur lesquels repose la photographie et que les manipulations qui y sont décrites ont été ou presque toutes conservées dans les procédés actuellement en usage, il me suffira de le modifier un peu pour le mettre à la hauteur des progrès accomplis. Je n'omettrai rien du reste dans l'indication de tous les soins nécessaires pour obtenir du procédé Blanquart toute la perfection qu'il peut donner.
§1. DU CHÂSSIS À DOUBLE GLACE.

En parlant des châssis de la chambre noire en général, nous avons déjà dit un mot de ceux à double glace, mais ce châs-sis est assez important, dans le procédé humide, pour y revenir encore et entrer dans tous les développements que com-porte cette question.
On sait qu'une des conditions essen-tielles du procédé, est d'opérer sur une feuille de papier humide, bien étendue, ne présentant aucun pli ni boursouflure, en un mot, sur une surface parfaitement plane. Bien des méthodes ont été proposées pour arriver à ce résultat.
Les uns ont conseillé d'employer la planchette ordinaire du châssis, en y faisant adhérer le papier photogénique sur une autre feuille de papier humectée à l'avance ; mais on comprend facilement que sous l'influence prolongée de l'humidité, le bois doit nécessairement se gauchir, se voiler, et dès-lors, le papier obéissant aux inflexions de la planchette, présente une surface courbe. C'et inconvé-nient n''est pas le seul : il est bien difficile, qu'après quelques expériences, la solution d'azotate d'argent ne s'imprègne dans le bois, et il en résulte infailliblement des taches sur l'envers de l'épreuve, ce qui est un défaut capital.
D'autres ont proposé de remplacer la planchette par une ardoise ; mais ils n'ont pas réfléchi que la nature poreuse de cette substance lui permet également d'absorber l'azotate d'argent, et qu'il est bien difficile de l'en débarrasser entièrement, même par un lavage fait avec soin. Ainsi, une partie des inconvénients, signalés dans l'usage de la planchette de bois, subsistent avec l'ardoise.
Un troisième procédé consistait à substituer à la planchette une glace unique sur laquelle on étendait le papier photogé-nique. C'était déjà une grande améliora-tion, mais ce n'était pas encore la perfec-tion.
D'ailleurs, les partisans de ces divers systèmes l'avouent eux-mêmes, il n'est plus possible d'employer aucun de ces moyens, lorsqu'il doit s'écouler un certain temps entre la préparation définitive du papier et son emploi à la chambre noire, parce qu'alors, le papier photogénique, exposé au contact de l'air, se dessèche rapidement, cesse d'adhérer à la planchette, ou se boursouffle d'une manière inégale.
Il faut donc, de toute nécessité, recou-rir à l'ingénieuse méthode employée de-puis plus de douze ans par M. Talbot dans la construction des appareils sortis des ateliers de M. Charles Chevalier. Du reste, sans n'avoir eu aucune connaissance du système de M. Talbot, M. Blanquart a été conduit par un heureux hasard, comme il le dit lui-même, à employer les mêmes moyens que l'habile photographe anglais. En présence de ces deux autorités, l'hésitation n'est plus possible, et ce serait une obstination ridicule que de rejeter la seule méthode qui satisfait à toutes les exigences du procédé.
La disposition adoptée par MM. Tal-bot et Blanquart est des plus simples, elle consiste à enfermer entre deux glaces le papier photogénique et la feuille de papier doublure destinée à entretenir l'humidité ; il en résulte un tout bien compacte que l'on place dans une feuillure du châssis disposée à cet effet et que l'on recouvre d'une planchette pour intercepter la lumière. Ainsi se trouve résolu le double problème de maintenir le papier photogénique toujours bien tendu, et de l'entretenir pendant un temps indéfini dans cet état d'humidité nécessaire pour obtenir un prompt résultat.
On doit apporter la plus grande atten-tion à ce que le point de jonction des deux glaces se trouve exactement à la même distance de l'objectif que le côté mat de la glace dépolie ; sans cette précaution essentielle, le papier impressionnable ne se trouverait pas au foyer, et l'on obtiendrait qu'une image confuse. Lors donc qu'on achètera une chambre noire, on devra s'assurer que cette condition a été rigoureusement remplie par le constructeur.
Les glaces que l'on emploie à cet usage doivent être plutôt minces qu'épaisses, 2 ou 3 millimètres d'épaisseur forment une dimension très convenable. C'est donc à tort qu'on a conseillé d'employer dans cette circonstance des glaces épaisses  qui auraient  de retarder inutilement l'opération.
On a fait plusieurs objections contre l'emploi des glaces dans la photographie sur papier. On leur a reproché de ralentir la production de l'épreuve et d'être très difficile à nettoyer. L'expérience démontrera facilement que la première de ces objections n'est pas fondée, et qu'il existe une différence de sensibilité à peine appréciable entre une feuille de papier exposée à nu et celle enfermée entre deux glaces. Quant à la difficulté du nettoyage, elle peut être facilement levée, si l'on emploie à cet usage un peu d'alcool rectifié ou de l'éther.
C'est surtout dans la photographie sur papier qu'on a besoin d'un châssis qui ne laisse pas pénétrer le plus faible rayon de lumière. Nous ne saurions donc admettre le système de fermeture à coulisse qui a prévalu depuis quelque temps dans la construction de ces châssis, et nous conseillons de revenir à l'ancienne construction ou porte qui présente bien plus de sécurité. C'est ainsi que sont construits les appareils de MM ; Talbot et Blanquart, car ils ont appris par l'expérience que l'introduction d'un faible rayon qui serait inoffensif dans la photographie ordinaire, occasionne des effets désastreux sur le papier photogé-nique. C'est là en effet la cause ordinaire de ces taches qui compromettent une plus ou moins grande étendue de l'épreuve, et qu'on ne saurait expliquer d'aucune autre manière.

§ 2. CHOIX DU PAPIER NÉGATIF, MOYENS DE LE PURIFIER.

Du choix du papier et de sa bonne préparation dépend tout le succès des opé-rations subséquentes. Nous allons donc signaler les caractères auxquels on peut reconnaître les papiers propres à la production des clichés négatifs, nous dirons un mot des tentatives plus ou moins heureuses qui ont été faites pour améliorer la qualité de ces papiers.
Pour se rendre compte des qualités qu'on doit rechercher pour un papier néga-tif, il faut d'abord bien comprendre le rôle que le cliché négatif est appelé à jouer en photographie, il est donc indispensable d'exposer en quelques mots la théorie du procédé photographique sur papier.
On sait depuis longtemps que les sels d'argent jouissent de la singulière propriété de noircir rapidement, lorsqu'ils sont exposés à une vive lumière et particulièrement lorsqu'ils sont à l'état humide. C'est sur ce principe que repose toute la photographie sur papier.
Si donc une feuille de papier impré-gnée d'une solution d'argent est exposée au foyer d'une chambre noire, l'image des objets extérieurs recueillie par l'objectif de l'appareil, sera reproduite sur le papier en fonction inverse de son intensité lumi-neuse ; c'est-à-dire que les parties les plus éclairées noirciront profondément, tandis que les parties les plus sombres laisseront à peine une légère impression sur la couche sensible. On obtiendra donc une véritable image des objets avec toute la valeur relative de leurs dégradations diverses ; seulement cette image sera en sens inverse, ou  suivant l'expression adoptée, négative, puisque les blancs seront représentés par des noirs et réciproquement.
Supposons maintenant que l'on place cette première épreuve, convenablement fixée, sur une autre feuille de papier, pré-parée également avec un sel d'argent, et qu'on expose le tout à la lumière ; les deux surfaces argentées étant mises en contact et le négatif en dessus, il arrivera nécessairement que les parties les plus claires du dessin primitif livreront un passage facile aux rayons lumineux, tandis que les teintes les plus sombres se laisseront difficilement pénétrer. Il se formera donc sur le papier impressionné en dernier lieu, une seconde image, mais qui cette fois sera directe ou positive, puisqu'alors les objets seront représentés avec l'ordre naturel de leurs teintes.
Ce simple exposé suffira pour faire comprendre que le papier négatif, qui doit conserver une certaine transparence, n'a pas besoin d'une très-grande épaisseur et qu'on doit éviter, à sa surface et dans l'intérieur de sa pâte, jusqu'aux moindres taches, qui se traduiraient infailliblement par dés taches inverses sur l'image positive. Le papier négatif doit en outre présenter une grande finesse et une grande égalité de grain; sa pâte doit être bien homogène et sa texture assez serrée pour qu'il ne puisse ni s'étendre ni se désagréger dans les nombreuses immersions qu'il aura à subir. II faut Surtout éviter que ses fibres aient été distendues et tiraillées par un glaçage exagéré. Enfin la pureté chimique du papier est peut-être la condition la plus essentielle à rechercher pour les clichés négatifs, malheureusement cette dernière qualité n'est pas toujours appréciable à la vue et les matières étrangères qui sont incorporées à la pâte du papier, s'y trouvent à un tel état de division, que leur présence échappe à l'examen le plus attentif et même au contrôle de la loupe et du microscope. C'est seulement au contact des substances chimiques que ces impuretés se révèlent, mais alors il est trop tard et la feuille maculée doit être mise au rebut.
Il faut donc recourir à des essais préa-lables pour constater la bonne qualité du papier. Cependant les produits de quelques fabriques françaises ont fait assez leurs preuves pour qu'on puisse les recommander aux photographes. Nous citerons donc au nombre des meilleurs, les papiers Lacroix, ceux des frères Canson et ceux de Kleber et Blanchet de Rives. Les produits de la papeterie Marion jouissent aussi d'une réputation méritée. Mais nous aurons à revenir sur ce sujet dans la partie de ce volume, spécialement consacrée au tirage des épreuves positives.
Les papiers une fois choisi doivent être rangés avec soin et mis à l'abri de la poussière et de la fumée, de l'humidité et de toutes les autres causes qui pourraient y occasionner des taches.
On ne devra les toucher qu'avec pré-caution et avec des doigts soigneusement lavés. Il sera même bon de donner à la feuille négative des dimensions un peu plus grandes que celles de l'image à obte-nir ; on pourra plus tard supprimer les marges sur lesquelles le contact des doigts sera du moins sans inconvénients.
On a proposé bien des moyens pour améliorer les papiers du commerce ; c'est ainsi qu'on a employé divers encollages à la gélatine, à la colle de poisson, au sucre de lait, au sérum de lait. L'effet de ces différentes préparations n'a pas été jusqu'ici assez décisif pour déterminer une supériorité bien marquée dans les effets photographiques obtenus.
M. Stéphane Geoffray, après avoir si-gnalé les taches métalliques et les corps gras que le mode de fabrication actuel du papier introduit presque inévitablement dans sa pâte, a proposé de faire disparaître ces impuretés au moyen d'un bain compo-sé d'eau distillée, tenant en dissolution un dixième d'acide citrique. Après avoir im-mergé les feuilles de papier pendant deux heures dans cette solution, on les plonge dans un autre bain d'eau rendue alcaline par 5 0/0 d'ammoniaque. Sans contester en rien l'efficacité de ce procédé et tout en admettant que l'acide citrique exerce une action bien corrosive que celle des acides à base métalloïde, nous ferons remarquer que ces acides retiennent toujours quelques traces qui peut désagréger son tissu, ou tout au moins entraver les réactions ultérieures qui doivent s'accomplir dans son épaisseur. Ce traitement peut d'ailleurs compromettre sérieusement l'encollage du papier.

§ 3. IODURATION DU PAPIER.

Dans le procédé primitif de M. Blan-quart-Evrard, on commençait par sou-mettre le papier à un bain préalable d'azotate d'argent. M. Guillot-Saguez a eu l'heureuse idée de supprimer cette première opération, qui était au moins inutile et qui pouvait compromettre la conservation du papier après ioduration. On peut donc procéder immédiatement à cette opération, et voici la méthode usitée :
Bain ioduré

Eau distillée   280 g.
Iodure de potassium   12 g.
Bromure de potassium   5 décig.
Après avoir fait dissoudre dans l'eau les sels de potassium, on filtrera le bain, s'il ne présentait pas une limpidité suffi-sante, et on le versera dans une cuvette de grandeur convenable , assez profonde et surtout parfaitement nettoyé.
Le papier sera coupé à la dimension exigée par la grandeur des épreuves qu'on voudra obtenir, et on marquera son envers d'une petite croix (+) au crayon sur un de ses angles. Il est essentiel de pouvoir tou-jours, dans les opérations subséquentes, distinguer au premier coup d'œil et dans la semi-obscurité du laboratoire, le côté le plus lisse et le mieux glacé du papier, celui où la trame métallique a laissé des traces les moins apparentes, et qui devra être mise en contact avec les bains.
On prend une feuille de papier prépa-rée comme nous venons de la dire, et la tenant par un de ses angles, on la dépose légèrement à la surface du bain d'iodure de potassium. Au bout de quelques secondes, on la relève pour s'assurer qu'aucune bulle d'air n'a été enfermée entre le papier et la surface du liquide, ce qui occasionnerait infailliblement une tache produite par l'insensibilité de papier à l'endroit où aurait séjourné la bulle d'air. Après s'être assuré que le papier touche par tous ses points au liquide, on achève de l'y plonger au moyen d'un pinceau en soies de porc, exclusivement consacré à cet usage. On s'assure qu'aucune bulle d'air n'est adhérente à la partie supérieure du papier, et s'il s'en trouvait, on les ferait disparaître à l'aide du pinceau. Après une immrsion complète d'environ deux à trois minutes, le papier doit avoir absorbé une quantité suffisante d'iodure ; on l'enlève alors en le prenant par deux de ses angles, et sans le lâcher, on le passe rapidement dans une autre cuvette contenant de l'eau distillée. Ce lavage a pour but d'enlever l'excès d'iodure de potassium qui, en séjournant sur le papier, pourrait y former un dépôt cristallin. On peut alors suspendre le pa-pier, par un de ses angles, à un fil tenu horizontalement, et si l'on ne doit pas l'employer de suite, on le laisse s'égoutter et sécher complètement. Pour faciliter et activer cette dessiccation, on fera bien d'appliquer un petit morceau de papier buvard à l'angle le plus déclive du papier ioduré.
Si au contraire on doit procéder sans désemparer, à la sensibilisation du papier et à l'opération de la chambre noire, on essuie le papier entre plusieurs feuilles de buvard souvent renouvelées, jusqu'à ce que perdant toute apparence d'humidité, il ne conserve qu'une moiteur bien appré-ciable, et on procède immédiatement à l'opération décrite dans le paragraphe sui-vant.
Bien que l'ioduration puisse, à la ri-gueur, avoir lieu en pleine lumière, il sera encore mieux de la faire dans le demi-jour d'un laboratoire faiblement éclairé. Nous aurons soin, du reste, d'avertir nos lecteurs toutes les fois que les préparations exigeront une obscurité plus complète. Disons maintenant un mot des divers moyens qui sont employés dans les ateliers, pour suspendre les feuilles de papier, toutes les fois qu'il s'agit de les faire sécher. Nous n'aurons plus ainsi à y revenir par la suite.
Dans l'origine de la photographie on se contentait de fixer à l'un des angles du papier une épingle ordinaire, recourbée en S, que l'on accrochait à une corde tendue horizontalement. Cet usage est encore suivi maintenant par le plus grand nombre des photographes, et cependant il en résulte deux inconvénients : celui, d'abord, de touer le papier et d'y déterminer un commencement de déchirure qui, en s'agrandissant, peut entraîner la chute du papier et le souiller ainsi d'une manière irrémédiable ; mais en outre, il arrive souvent que le point traversé par l'épingle devient le centre d'une tache métallique qui s'étend en une longue trainée sur une partie notable de la feuille de papier.
Quelques amateurs ont adopté l'emploi de longues bandes de liège, fixées sur des tringles de bois disposées dans l'atelier, ou tout simplement sur la parie antérieure des rayons ou étagères qui garnissent les murs ; les feuilles de papier sont alors piquées sur ce liège, pendant leur dessiccation, non pus avec des épingles, mais avec de petites pointes d'ébonite, de corne ou de baleine, par exemple les dents d'un peigne.
Cette disposition présente déjà une grande amélioration, mais la méthode sui-vante nous paraît incontestablement la meilleure et nous sommes étonnés qu'elle ne soit pas encore plus répandue, bien que nous l'ayons vue appliquée par quelques amateurs.
On se procure une ou deux douzaines de petites pinces métalliques à ressort, dont le modèle est représenté dans la figure jointe, et que l'on trouve assez facilement dans le commerce. Du reste, un amateur intelligent peut les construire lui-même, il ne faut pour cela qu'un très petit nombre d'outils ; une pince à bec rond et un marteau suffisent à la rigueur.
Ces petites pinces ont entièrement en fil de laiton non recuit, mais pour éviter le contact du cuivre avec la solution dont le papier est imprégné occasionne des taches, il est indispensable de les argenter au moyen de la pile. Le mode de fonctionnement est très simple ; il suffit de presser avec les doigts sur la partie la  plus large de la petite pince, pour déterminer l'écartement des deux petites mâchoires qui forment ses extrémités ; on y insère une très petite portion de l'angle de la feuille de papier et, cessant de presser sur la pince, elle se referme d'elle-même, par l'effet du ressort et le papier se trouve assujetti entre les mâchoires. Le crochet en S, qui se trouve fixé à la pince, sert à suspendre la feuille à un fil tendu horizontalement dans le laboratoire. Nous n'avons pas à ajouter que la pince à ressort peut également servir à retirer la feuille de papier du bain où elle a été plongée, sans avoir besoin de toucher ce bain avec les doigts, on évite ainsi un grand nombre de taches et sur le papier et sur les mains. La pince une fois fixée à l'angle du papier, on peut le faire égoutter au dessus de la cuvette, puis le suspendre à sécher, sans autre remaniement.
Ces détails suffisent, nous le pensons, pour attirer l'attention des photographes sur un petit instrument si utile et pour po-pulariser son usage.
Le bain d'iodure peut servir jusqu'à épuisement ; il faut seulement avoir le soin de le filtrer au commencement des opérations.
Quant au papier ioduré, il se conserve, pour ainsi dire, indéfiniment, sans aucune altération, pourvu qu'on ait le soin de le préserver de la lumière et de l'humidité.

§ 4. SENSIBILISATION DU PAPIER.

Après avoir subi la préparation précé-dente, le papier ioduré est à peine sensible à la lumière, et pour exalter au plus haut degré cette sensibilité, il est nécessaire de le soumettre à une seconde opération qui a pour but d'y déterminer la formation d'un iodure d'argent, sel double, éminemment impressionnable à la lumière, surtout en présence d'un excès d'azotate d'argent.
On prépare un bain composé ainsi qu'il suit et qui prend le nom de :

Bain d'acéto-nitrate d'argent.

Eau distillée   250 grammes
Azotate d'argent   15 g.
Acide acétique   20 g.

Après avoir versé ce bain, préalable-ment filtré, dans une cuvette spécialement réservé pour cette opération, on prend une feuille de papier ioduré que l'on pose déli-catement à la surface du liquide, où on la laisse flotter librement de manière à ce que le côté qui a été marqué au crayon ne soit pas atteint par la solution argentifère. Au bout de quelques secondes on relève la feuille de papier, en la saisissant par un des angles, avec une pince en corne ou en baleine, pour s'assurer qu'aucune bulle ne se trouve enfermée entre le liquide et le papier ; puis on l'abandonne de nouveau à la surface du liquide où elle ne tarde pas à s'étendre à mesure que le liquide s'y introduit par capillarité. Au bout de deux à trois minutes, cette feuille a dû perdre tous les plis qu'elle pouvait avoir, elle s'est détendue bien à plat ; La transformation de l'iodure de potassium en iodure d'argent doit être complète, et il ne restera qu'à la faire bien égoutter au dessus de la cuvette avant de procéder aux lavages dont nous parlerons tout à l'heure.
Il est évident que si on sensibilise le papier ioduré, sans l'avoir fait sécher, mais après l'avoir essuyé avec du papier buvard, sa préparation sur le bain d'argent sera plus prompte et plus facile. On peut même ajouter que sa sensibilité sera encore augmentée.
D'un autre côté, on a du préparer une cuvette d'eau distillée, et dans laquelle on fait tremper des feuilles de papier sa ns colle, de dimension convenable, et desti-nées à servir de doublure à la feuille sensi-bilisée et à la maintenir humide durant la pose. Enfin, on a nettoyé avec le plus grand soin les deux glaces entre lesquelles le papier sensible doit être renfermé.
Ces dispositions prises, et aussitôt qu'on juge que le papier ioduré a pris une quantité d'argent suffisante, on place sur un support horizontal l'une des glaces du châssis ; sur cette glace, on dépose bien à plat une feuille de papier doublure, et, sur cette dernière, on étale la feuille sensibili-sée, le côté préparé en dessus. Enfin, après s'être assuré que les deux feuilles de papier sont bien étendues, sans avoir constaté aucune boursouflure ni aucun pli, on les recouvre avec la seconde glace, ayant soin que sa surface adhère parfaitement avec le côté sensibilisé du papier. Les deux feuilles se triouvent ainsi comprimées avec adhérence entre les deux glaces, et il en résulte un tout compact que l'on peut désormais manier avec la plus grande facilité. On commence par essuyer avec soin, au moyen d'un linge le liquide ruisselant entre le point de jonction des deux glaces, puis on nettoie avec le même soin la face antérieure de la glace qui recouvre le papier sensibilisé, et on renferme le tout dans le châssis que l'on recouvre de sa planchette.
Cependant, avant de procéder à l'exposition à la lumière, il ne faut pas négliger une dernière précaution qui n'est pas sans importance ; il faut s'assurer que la surface extérieure de la glace, celle qui doit transmettre les radiations au papier, ne se trouve pas ternie par quelque buée ou par quelque trace d'humidité. A cet effet, on ouvrira le volet du châssis, et avec un linge bien sec, on essuiera parfaitement le verre.
Il est bien entendu que toutes les pré-parations qui viennent d'être décrites doi-vent se faire dans la pièce obscure de l'atelier, à la simple lueur d'une bougie, car il est essentiel que le papier sensibilisé ne reçoive aucun rayon de la lumière du jour, avant le moment où on démasquera l'objectif de la chambre noire ; c'est pour cela que nous insistons sur une recommandation qui a été déjà faite, celle d'avoir des châssis dont la fermeture hermétique soit impénétrable à la lumière. Si l'on éprouvait le moindre doute à cet égard, il serait prudent de renfermer le châssis dans une étoffe de velours noir et de le transporter ainsi jusqu'à l'endroit où on doit s'en servir.
Le bain d'acéto-nitrate sert jusqu'à épuisement du liquide, pourvu qu'on ait soin de remplacer le nitrate d'argent absorbé par l'iodure de potassium que renferme le papier. Il faut aussi le filtrer au commencement des opérations.
Voyons maintenant les précautions à prendre pour la pose, et comment il faut la diriger pour obtenir du procédé Blanquart tout ce qu'on en doit attendre.

§ 5. DE L'EXPOSITION A LA LUMIÈRE.

Si le procédé qui nous occupe ne donne pas la même finesse de traits qu'on obtient avec les autres méthodes proposés depuis, il faut au moins convenir qu'à l'exception du procédé Laborde dont il sera parlé plus tard, aucun ne peut rivaliser avec lui, quant à la rapidité. Ainsi, nous avons vu M. Blanquart obtenir au soleil, en 10 à 20 secondes, des épreuves parfaitement venues, en employant l'objectif à verres combinés pour plaque normale de M. Ch. Chevalier, avec un diaphragme de 25 à 30 millimètres de diamètre. Ces expériences avaient lieu à la fin de mars, et il n'est pas douteux que dans de meilleures conditions de lumière et de température les résultats eussent encore été plus prompts. On peut donc dire que parmi les procédés qui donnent un cliché négatif sur papier, celui-ci est encore un des plus rapides, et que par conséquent, il est tout à fait appro-prié à la reproduction des portraits. Cette considération seule aurait suffi pour empêcher de l'abandonner, et les personnes qui ont vu le portrait de M. Biot, exécuté en 1847 par Blanquart, pourront dire qu'il soutient la comparaison avec tout ce qu'on avait fait depuis sur papier, et qu'aujourd'hui même il ne fait pas trop disparate avec la supériorité incontestable du collodion.
Nous avons insisté (tome 1) sur la né-cessité d'une mise au point rigoureusement exacte, lorsqu'il s'agissait du procédé daguerrien ; nous ajouterons qu'ici cette précision est encore plus nécessaire, puisque les défectuosités inhérentes à la nature même du papier, feront déjà perdre à l'image une partie de sa netteté. Il est inutile de revenir sur ce qui a été dit, quant à l'éclairage et à la pose du modèle, nous ne ferions que répéter ce qui a été dit dans le premier volume.

§ 6. DÉVELOPPEMENT DE L'IMAGE.

La pose terminée, le châssis est rap-porté dans la pièce obscure, mais l'épreuve est encore invisible ; elle n'existe sur la papier qu'à l'état latent, et, pour la faire apparaître, il faut qu'elle soit soumise à un réactif approprié, que l'on désigne sous le nom d'agent révélateur. Dans le procédé que nous décrivons, ce réactif est une solution saturée d'acide gallique. Voyons comment on le prépare.
On sait que l'acide gallique est soluble dans l'eau à la faible proportion de 4 à 5 grammes par litre de ce liquide. On pourrait préparer une solution d'acide gallique à ce dosage, mais cette solution , pour être complète, a besoin d'être faite au moins un jour à l'avance, et, de plus, elle a le grave inconvénient de se décomposer au bout de peu de temps, ce qui occasionne des pertes et oblige à recommencer sans cesse de nouvelles manipulions. M. Crookes a trouvé un moyen ingénieux de parer à cet in-convénient. Il a remarqué, d'une part, que l'acide gallique est beaucoup plus soluble dans l'alcool, et qu'en outre, cette solution peut être conservée indéfiniment sans altération. Il prépare donc une solution de 200 grammes d'acide gallique dans un litre d'alcool à 38°. Ainsi, 10 centimètres cubes de cette solution renferme 20 grammes d'acide gallique. Mors donc qu'on veut préparer le liquide propre au développement de l'image négative, il suffit de verser 5 centimètres cubes de la solution alcoolique dans 250 grammes d'eau, et l'on obtient immédiatement une solution aqueuse d'acide gallique équivalente à celle qui aurait été saturée de cet acide. Le bain révélateur peut donc être préparé à l'instant même et dans une proportion en rapport avec les besoins de la journée ; mais, de plus, la présence de l'alcool facilite singulièrement l'extension rapide du liquide sur le papier impressionné, ce qui est encore un avantage important.
M. l'abbé Laborde a trouvé, se son côté, que l'addition au bain d'acide gallique, de quelques gouttes d'une solution saturée d'acétate de chaux, augmente singulièrement la puissance de son action révélatrice, au point que la pose peut être ainsi abrégée d'une manière notable. Cette propriété pourra être mise à profit par le photographe, mais il faut en user avec discrétion, car le moindre excès d'acétate de chaux compromet les blancs du cliché négatif.
Pour faire apparaître l'image latente obtenue à la chambre noire, on ouvre le châssis, on sépare les glaces entre les-quelles on avait enfermé la feuille de pa-pier sensible ; on enlève délicatement cette dernière par un de ses angles, et on la dépose, face impressionnée en dessus, sur une feuille de verre à vitre, placée elle-même sur un support horizontal dont on aura légèrement humecté la surface. Le papier devra s'étendre sur la feuille de verre sans aucun pli ni boursoufflure et s'il s'en manifestait, on les ferait disparaître en relevant le papier et l'abaissant ensuite graduellement sur le verre.
Ces dispositions prises, on versera sur l'épreuve une quantité de solution d'acide gallique suffisante pour la recouvrir. Pour faciliter une répartition prompte et égale de cette solution sur le papier, on inclinera le verre en différents sens, jusqu'à ce que la nappe de liquide se soit étendue partout. Cette précaution est très-essentielle, car les parties de l'épreuve, qui n'auraient pas été tout d'abord imbibées d'acide gallique se trouveraient en retard sur les autres, pendant tout le cours de l'opération. Dès le premier moment du contact de l'acide gallique, l'image commencera sur-le-champ à apparaître; et si l'opération a réussi, elle se manifestera d'abord avec une teinte de rouille qui se rembrunira peu à peu jusqu'au noir le plus intense. Quel-quefois l'image manque de vigueur, bien que le temps de pose ait été suffisant; on pourra alors la renforcer en y versant une nouvelle solution d'acide gallique additionnée de quelques gouttes de l'acéto-nitrate d'argent qui a servi à la sensibilisation. Grâce à ce simple artifice, un bon nombre d'épreuves qui paraissaient trop faibles ont pu être ramenées au degré d'intensité voulue.
Dans tous les cas, l'opérateur devra suivre les progrès de l'épreuve avec la plus grande attention et sans la perdre de vue un seul instant; c'est surtout par transparence qu'il faut se rendre compte de l'effet qu'elle produit, et pour cela, la feuille de verre recommandée par M. Blanquart est un appareil très-commode, puisque, sans en détacher le papier, on peut suivre toutes les différentes phases de la formation de l'image, en s'aidant de la lumière d'une bougie.
Cette méthode de développement nous paraît bien préférable à celle qui consiste à plonger entièrement le papier dans un bain d'acide gallique, dont il faut ensuite le retirer à chaque fois qu'on veut vérifier le degré d'intensité de l'image. On économise ainsi une grande quantité d'acide gallique et le papier ne risque pas d'être fatigué ou taché par des manie-ments sans cesse répétés. Ajoutons, toute-fois, que ce procédé ne peut plus être em-ployé dans la photographie sur papier sec, comme nous le dirons plus tard.
Aussitôt que l'image paraît avoir at-teint son maximum d'intensité, ce dont on jugera facilement, avec un peu d'habitude, c'est-à-dire lorsque les noirs seront bien prononcés, les demi-teintes franchement accusées, sans que cependant les blancs aient rien perdu de leur éclat, on arrêtera à l'instant l'effet de l'acide gallique, en versant sur l'épreuve une grande quantité d'eau ordinaire, ou bien en plongeant l'épreuve dans une bassine remplie de ce liquide et en l'y laissant séjourner jusqu'au moment où elle devra être fixée. Il vaut mieux, toutefois, laisser prendre à l'image un peu d'intensité, dans la prévision de l'atténuation qu'elle éprouvera infailliblement dans les bains fixateurs. C'est ici une question délicate et de toute appréciation.
Ainsi que nous l'avons déjà indiqué au paragraphe précédent, c'est en développant l'image, qu'on pourra constater si le temps employé à la pose a été d'une durée convenable. Il faut donc étudier avec une grande attention les effets produits par excès ou par un défaut d'exposition à la lumière, puisque les erreurs d'une première expérience doivent servir de correctif et de contrôle pour les opérations suivantes.
Généralement, quand le temps de pose a été prolongé au delà des limites convenables, l'épreuve apparaît d'abord avec une grande rapidité, mais elle ne tarde pas à prendre une teinte uniforme, où les grands clairs tendent de plus en plus à fusionner avec les ombres, pour former un tout uniquement composé de demi-teintes. Il en résulte une image sans vigueur, sans oppositions, et si on cherche à rehausser par des agents de renforcement, on arrive à produire une teinte noire générale, où le dessin finit par être à peine appréciable.
Si, au contraire, l'exposition avait été trop courte, on le reconnaîtrait à l'absence de demi-teintes ; les ombres les plus in-tenses et les grands clairs seraient seuls accusés, avec une opposition heurtée et criarde, qui ôte à l'image toute harmonie et la rend d'une dureté désagréable à l'œil.
C'est en se maintenant entre ces deux extrêmes qu'ion arrive à produire de bonnes épreuves. L'expérience sur ce point, est un meilleur maître que tous les préceptes que nous pourrions donner.

§ 7. FIXAGE DU CLICHÉ NÉGATIF.

M. Blanquart fixait les épreuves néga-tives au moyen d'une solution aqueuse de bromure de potassium à 2%. Ce mode de fixage avait bien pour effet d'enrayer la sensibilité de l'iodure d'argent impressionné par la lumière et de la rendre désormais inerte en présence de cet agent. Mais l'iodure restait dans la masse du papier et lui communiquait une teinte jaune nuisible au tirage des positifs. On a reconnu depuis qu'une solution d'hyposulfite de soude à 12% produit un bain bien meilleur effet, puisqu'elle dissout complètement l'iodure resté impressionnable, et qu'elle l'expulse entièrement du papier. On s'est donc arrêté à ce dernier mode de fixage, qui représente plus de garantie, à la condition toutefois que des lavages subséquents et répétés auront à leur tour enlevé au papier jusqu'aux dernières traces d'hyposulfite.
On verse donc dans une cuvette une quantité de solution d'hyposulfite suffi-sante pour baigner abondamment l'épreuve. On y plonge cette dernière, et à partir de ce moment, on peut désormais suivre les progrès du fixage à la lumière du jour. Cette opération exige de quinze à vingt minutes ; elle est complète aussitôt que la teinte jaune que l'on remarquait surtout dans les clairs de l'image a entiè-rement disparue et que le papier a repris, en ces endroits, toute sa blancheur primi-tive. On enlève alors, l'épreuve, on la lave à plusieurs eaux, et, pour terminer, on la laisse pendant cinq à six heures dans un grand vase remplie d'eau filtrée. Enfin, on la fait sécher, soit en la suspendant à l'air, soit en l'essuyant dans un cahier de bu-vard, où on la laisse définitivement sécher.
La solution d'hyposulfite peut resser-vir un grand nombre de fois, en ayant soin de la filtrer.

§ 8. CIRAGE DU CLICHÉ NÉGATIF.

Lorsque le cliché négatif a été lavé et séché comme nous venons de le dire, il reste à lui faire subir une dernière opéra-tion, indispensable pour lui donner de la transparence et le rendre propre à la repro-duction des épreuves positives. On y par-vient en l'imprégnant de cire, et cette pré-paration a en outre pour effet de la protéger contre l'action du sel d'argent cristallisé sur la feuille de papier positif. On a inventé de très ingénieuses méthodes pour le cirage du papier ; nous en parlerons in extenso en décrivant le procédé sur papier ciré de M. Legray. Pour le cas qui nous occupe, le procédé suivant est suffisant ; il a d'ailleurs le mérite d'une grande simplicité.
On commence par étendre le cliché négatif sur plusieurs feuilles de papier buvard ; on y racle, à l'aide d'un couteau, une quantité suffisante de cire vierge, puis on le recouvre de plusieurs feuilles de papier, et avec un fer à repasser, modérément chauffé, qu'on y passe à plusieurs reprises, on fait fondre la cire, de manière à la faire pénétrer sur toute l'étendue et dans toute l'épaisseur du papier. Il ne faut pas oublier que la cire fond à 60°; il est donc inutile d'employer un fer à repasser trop brûlant, qui pourrait roussir le papier et altérer profondément l'image. Lorsque la cire a bien pénétré et qu'il ne reste plus aucune lacune, on renouvelle les papiers buvards et on continue à promener le fer sur la surface, pour absorber l'excédent de cire et enlever tout dépôt apparent de cette matière à la surface de l'image. On est assuré que la cire est bien exactement répartie, lorsque le cliché présente une teinte uniforme, mate par réflexion, et diaphane par transparence.
Nous avons recherché si quelques autres substances ne pouvaient pas être substituées à la cire dans l'opération qui vient d'être décrite, et nous avons essayé successivement la stéarine, le blanc de baleine, les huiles fixes et essentielles, les vernis, etc. Rien ne nous a parue donner des résultats plus avantageux que ceux fournis par la cire, et nous croyons qu'on doit s'en tenir à cette dernière substance.


CHAPITRE III.

Procédé sur papier humide à l'iodure d'argent de M. l'abbé Laborde.

Le procédé sur papier humide de M. Laborde est sans contredit un des plus parfaits, mais comme il a eu le tort de faire son apparition dans le monde photographique à peu près en même temps que le collodion, peu d'amateurs s'en sont occupés, et les traités de photographie n'en font même plus mention. Nous connaissons cependant plusieurs photographes éminents qui, en suivant les prescriptions de M. Laborde, sont arrivés à des résultats vraiment étonnants, quant à la rapidité et à la finesse des épreuves.

§ 1. PRÉPARATION DU PAPIER IODURÉ.

Dans 250 grammes d'eau distillée , on fait dissoudre 13 grammes d'iodure de potassium, et quand la dissolution est complète, on y ajoute 2 grammes d'iodure d'argent nouvellement précipité par la méthode indiquée ci-après. Le liquide, limpide d'abord, se trouble peu à peu, à mesure qu'on y ajoute l'iodure d'argent ; mais en y versant goutte à goutte une solution à 10% de cyanure blanc de potassium, et en agitant le flacon, la liqueur reprend bientôt sa limpidité. L'addition de cyanure doit être juste suffisante pour faire disparaître le trouble qui d'est formé, et c'est pour cela que nous avons recommandé d'ajouter cette substance par petites portions, et en ayant soin d'agiter le mélange après chaque addition, jusqu'à éclaircissement complet.
Le bain ainsi préparé peut servir im-médiatement et jusqu'à épuisement.

Préparation de l'iodure d'argent.

Avant d'aller plus loin, il est bon d'indiquer la formule de préparation de l'iodure d'argent destiné au bain précédent.
On dissout dans :
Eau distillée              15 grammes
Azotate d'argent         5 grammes
Et d'un autre côté, dans :
Eau distillée............30 grammes
Iodure de potassium    3 grammes

En versant peu à peu la solution d'argent dans celle de potassium, il se forme un précipité d'abord blanchâtre qui jaunit ensuite, à mesure que l'argent pré-domine sur le potassium, et qui finit par se rassembler au fond du flacon. Pour le re-cueillir, on renverse tout le contenu du flacon dans un entonnoir garni d'un filtre de papier. Le liquide traverse le papier, qui retient seulement l'iodure d'argent. On lave ce précipité plusieurs fois à l'eau distillée, puis avec un peu d'alcool, et on doit l'employer au même instant.

Emploi du bain ioduré.

Pour le procédé que nous décrivons, nous donnons la préférence au papier de Rives, qui nous a toujours fourni les meil-leurs résultats. Après avoir coupé une feuille de papier à la dimension convenable et en avoir marqué l'envers d'une croix au crayon, précaution qu'on ne doit jamais négliger, on la met à flotter à la surface de la cuvette, où l'on a préalablement versé le double iodure de potassium et d'argent. On pourrait encore immerger complètement le papier dans le liquide ; mais dans l'in comme dans l'autre cas, on évitera avec soin, l'interposition de bulles d'air entre le papier et le liquide. Au bout de deux à trois minutes de flottage ou d'immersion, on retire la feuille de papier, et après l'avoir bien fait égoutter au dessus de la cuvette, on l'essuie entre des feuilles de buvard, et on passe immédiatement à l'opération suivante. On pourrait aussi faire sécher la feuille iodureé et la conserver à l'obscurité pour l'employer plus tard ; mais les résultats seraient alors moins sûrs et moins rapides. L'exquise sensibilité de ce procédé parait surtout tenir à ce que les combinaisons qui se forment dans le papier, s'y rencontrent toutes à l'état naissant.
Il est bien entendu que l'ioduration du papier doit être daite à l'obscurité, à la simple lueur d'une bougie ; la présence de l'iodure d'argent dans le bain rend cette préparation immédiatement sensible à la lumière, mais à un degré beaucoup moindre qu'après sa sensibilisation par l'acéto-azotate d'argent.

§ 2. SENSIBILISATION DU PAPIER. —EXPOSITION.  — DÉVELOPPEMENT ET FIXAGE DE L'IMAGE.

La formule du bain d'acéto-azotate d'argent, et la manière de l'appliquer, sont exactement les mêmes que pour le procédé Blanquart.
L'exposition à la lumière est un peu plus courte, mais l'image est développée, fixée et cirée par les moyens indiqués au chapitre précédent §§ 6, 7 et 8. Il est donc inutile d'y revenir pour éviter les redites.


CHAPITRE IV.

Procédé sur papier humide de M. Grandguillaume d'Arras, spécial pour le portrait

Nous devons a l'extrême obligeance de M. Grandguillaume la communication d'un procédé qui, entre ses mains, a pro-duit les plus heureux succès ; c'est ainsi qu'il a obtenu ces centaines de portraits que nous avons admirés chez lui et qui soutiennent sans trop de désavantage la comparaison avec des images données par un cliché collodionné.
Première opération.
On place sur la glace du châssis, destiné à servir de support, un papier-doublure mince, sans encollage ; on l'imbibe d'eau distillée et, en le soulevant et l'abaissant tout à tour sur la glace, on l'y fait parfaitement adhérer, sans aucun pli.
Deuxième opération.
On étend le bon côté d'une feuille de papier de Rives ou de Saxe sur le bain ioduré (A) (1). On laisse flotter la feuille sur ce bain, en ayant soin d'éviter l'interposition des bulles d'air entre le papier et le liquide. Puis on enlève la feuille, et après l'avoir laissée égoutter, on éponge le surplus du liquide ruisselant dans du papier buvard, renouvelé à chaque épreuve. Le papier ne doit plus conserver qu'une sorte de moiteur bien marquée.
Troisième opération.
Le papier est étendu à la surface su bain d'argent (B) (2), le côté ioduré immédiatement en contact avec le liquide. Après avoir chassé toutes les bulles d'air qui pourraient se produire, on laisse la réaction se faire pendant 30 secondes ; puis on enlève la feuille de papier et la tient suspendue au dessus de la cuvette pendant 30 autres secondes pour la faire égoutter ; puis on applique le côté non préparé de la feuille sur le papier-doublure étendu sur la glace dans la première opération. On soulève plusieurs fois et par différents angles pour rendre intime le contact entre les deux papiers. Enfin, on place la glace dans le châssis de la chambre noire, et bien entendu, le côté préparé du papier tourné vers l'objectif, de manière à ce que la radiation lumineuse arrive directement sur ce côté.
Quatrième opération.
Le temps d'exposition à la chambre varie de 10 à 20 secondes, par une bonne lumière réfléchie ou tamisée par des nuages blancs, avec un objectif double, plaque normale.
Cinquième opération.
On développe l'image avec une solu-tion concentrée d'acide gallique récem-ment préparée et additionnée de quelques gouttes d'acétate d'ammoniaque ; on verse cette solution sur la feuille supportée par la glace et adhérente au papier-doublure. On sépare ensuite la feuille impressionnée et on promène à sa surface la solution d'acide gallique que l'on a d'abord versée, jusqu'à ce que tous les détails soient venus. On lave ensuite à une première eau pour arrêter l'action de l'acide gallique, puis on plonge l'épreuve dans une bassine remplie d'eau, jusqu'au moment de la fixer.
Sixième opération.
On dissous l'iodure d'argent qui n'a pas été modifié par la lumière en plongeant l'image dans une solution, d'hyposulfite de soude à 12% et on l'y laisse séjourner jusqu'à ce que le papier ait perdu sa teinte jaune et recouvré sa blancheur primitive. En fin, on lave à grande eau et on fait sécher.
Toutes les opérations doivent avoir lieu dans une pièce obscure, éclairée seu-lement par une ou deux vitres recouvertes de papier jaune du commerce, sur lequel on a appliqué une couché épaisse de gomme-gutte broyée à l'huile.
Septième opération
On cire le cliché par les moyens ordi-naires. Voyez page 12 et..... ?.
Bain ioduré (A)

Eau distillée   300 grammes
Iodure d'ammonium   8 g.
Iodure de potassium   6 g.
Bromure de potassium   1 g.
Acétate d'argent   0,25 g.

On met dans un flacon l'acétate d'argent, le bromure de potassium et un peu d'eau. On agite, jusqu'à ce que le bromure d'argent qui se forme ait rendu l'eau jaune et épaisse ; on clarifie ce mé-lange en jetant dans le flacon quelques cristaux d'iodure ; on trouble de nouveau, en versant une petite quantité d'eau, puis on clarifie de nouveau par unne nouvelle dose d'iodures, et on répète au moins six fois ces additions alternatives d'eau et de sels iodurés, jusqu'à ce qu'on ait employé ces 300 grammes d'eau et les 14 grammes d'iodures. A la dernière addition d'eau, le liquide devient laiteux, mais on lui rend toute sa transparence, en y versant peu à peu quelques gouttes d'une solution de cyanure de potassium à 10/1000.
Bain d'acéto-nitrate d'argent (B)
Eau distillée   300 grammes
Azotate d'argent blanc   27 g.
Acide acétique cristallisé   30 g.
Nitrate de zinc cristallisé   5 g.

On fait fondre les azotates d'argent et de zinc dans la moitié d'eau, on ajoute ensuite l'acide acétique, puis en dernier lieu le restant d'eau. Le liquide doit être parfaitement transparent. Ce bain sert jusqu'à épuisement en y ajoutant de temps en temps un peu des solutions qui le composent dans les proportions déterminées.
On voit que le procédé de M ; Gran-guillaume est une heureuse combinaison du procédé Laborde avec la méthode in-ventée par M. Humbert de Molard ; nous attribuons son efficacité à ce que toutes les opérations ayant lieu séance tenante et sans interruption, les réactions donnent lieu à des composés à l'état naissant dont la sensibilité est nécessairement plus exquise.
M. Grandguillaume a bien voulu nous adresser une méthode pour le tirage des positives qui prendra place dans la cin-quième partie.

CHAPITRE V.

Procédé sur papier humide à base am-moniacale de M. Humbert de Molard.

Voici le procédé de M. Humbert de Molard, tel qu'il l'a décrit lui-même. Tout en rendant hommage à la rapidité produite par cette méthode, nous lui reprochons de donner souvent aux épreuves des taches et des marbrures qu'il est assez difficile d'éviter.
Ioduration du papier
Eau distillée   250 g.
Iodure d'ammonium   10 g.
Cette solution sera d'un jaune ambré.
Pendant une minute, on y immerge complètement ou on applique, d'un côté seulement, un feuille de papier qui ne tarde pads à prendre une teinte rose violacé, pour peu qu'elle renferme de l'amidon ou un acide quelconque.
Dans le cas contraire, elle reste blanche et n'en vaut pas mieux... peut-être mieux.
Que les feuilles aient été préparées des deux côtés ou d'un seul, elles seront comme à l'ordinaire, suspendues jusqu'à dessiccation complète, aussi longtemps qu'on voudra. Cette première préparation peut, sans le moindre inconvénient, être faite en plaine lumière.
Pour s'en servir, on applique à plat  sur un des deux bains d'acéto-azotate d'argent suivants :

Eau distillée   250 g.
Nitrate d'argent   24 g.
Acide acétique   15 g.
Ou bien....
Eayu distillée   250 g.
Nitrate d'argent   16 g.
Nitrate de zinc   8 g.
Acide acétique   8 g.

Ce dernier bain me paraît le meilleur.
Sur l'un ou l'autre, et dans un endroit obscur, on laissera la feuille à plat jusqu'à ce que, si elle est d'un rose violacé, elle soit redevenue au blanc complet, même au dos, mais pas plus, car la sensibilité se perdrait.
Dans le cas où la feuille serait primitivement blanche par un petit excès d'alcali ajouté à la solution, ainsi qu'il a été dit, la feuille ne devra alors séjourner dans le bain d'acéto-nitrate que juste le temps nécessaire à son entier affaissement. De ce laps de temps sur le bain d'argent plus ou moins prolongé avec opportunité, dépend le vrai degré de sensibilité de la feuille, et ici, je ne peux m'empêcher de rappeler en passant, ce que j'ai déjà écrit et soutenu en face de quantité d'amateurs qui professent le contraire, à savoir que la beauté et la rapidité, en un mot le succès d'une épreuve dépend, non pas de l'imprégnation profonde des substances à l'intérieur de la pâte du papier, mais, au contraire, de leur plus mince et légère application à la surface, même avec des solutions concentrées.
Au sortir du bain d'azotate d'argent, la feuille égouttée un instant, remise à plat sur une glace et sur un double papier-doublure, débarrassée de tout excédant liquide ruisselant, à l'aide d'une baguette de verre, dont le frottement doux et très innocent expulse immédiatement toute bulle d'air, en opérant en même temps une adhérence générale entre les papiers et la glace ; la feuille, dis-je, ainsi disposée, est ensuite portée à la chambre noire.

Pour vues au soleil      1 à 2 secondes
Pour vues à l'ombre    4 à 5 secondes
Portraits à l'ombre      15, 20, 25 au plus
A l'intérieur d'un appartement   50 à 60.

On fait apparaître l'image par la solu-tion suivante :
Eau saturée d'acide gallique          180 g.
Acétate d'ammoniaque liquide          6 g.
A la surface impressionnée de l'épreuve sortant de la chambre noire, et cela sans changer de glace, sans rien décoller, on fait couler la solution en inclinant et en assez grande abondance pour qu'elle se répande partout et sans temps d'arrêt. L'image alors se manifeste presqu'aussitôt avec de bons noirs et des blancs bien préservés, sans taches ni en dessus ni en dessous....à moins toutefois que le papier n'ai été, lors de sa fabrication première, blanchi par le chlore ou la chaux ; alors il est rare qu'il n'offre pas des marbrures ou des décompositions nuageuses. On termine en lavant à plusieurs eaux, et en fixant, selon l'usage, si le cliché est rigoureux, sinon au bromure de potassium... le tout aux doses ordinaires. (12% pour l'hyposulfite — 2% pour le bromure de potassium).
L'ammoniaque étant un produit très peu fixe, vu son extrême volatilité, il sera bon de ne pas l'introduire trop longtemps d'avance dans l'acide gallique, de ne pré-parer de ce mélange que la quantité néces-saire aux opérations de la journée. On se ménagera ainsi plus de régularisation et plus de constance dans les résultats.
Sous l'influence accélératrice de l'acétate d'ammoniaque mélangé ainsi en petite dose à l'acide gallique l'apparition de l'image négative se développe admira-blement bien, depuis les radiations les plus rigoureuses jusqu'à celles sous jacentes ; la dose que nous indiquons nous a paru la meilleure pour la sûreté normale des opérations. Pour plus de rapidité, les opérateurs pourront donc, à leur gré, l'augmenter de quelques gouttes ; mais nous ne pouvons trop les prévenir qu'in excès (même minime) réagissant d'une manière trop énergique sur l'azotate d'argent libre dont l'épreuve est encore imprégnée au sortir de la chambre noire, formerait de suite un oxyde d'argent par sa combinaison avec l'acide gallique, et, de plus, un gallate d'argent tellement abondant, que l'épreuve en serait immédiatement couverte..., perdue... souvent même sans avoir eu le temps de paraître.
Pour éviter toutes les déceptions de ce genre, même partielles, nous ne pouvons trop recommander encore aux amateurs de ne jamais présenter à la chambre leur feuille mouillée ni ruisselante, mais bien au contraire seulement humide, en partie asséchée par l'action du bâton de verre, ainsi qu'il a été dit, ou par un papier bu-vard, si ce moyen leur paraît préférable. Cette recommandation est on ne peut plus essentielle pour la réussite.
Nous pensons que la réunion de l'hydriodate et de l'acétate d'ammoniaque forment la combinaison que nous présen-tons aujourd'hui ; mais nous avons aussi grande espérance que l'emploi de l'acétate d'ammoniaque, à lui seul, pourra bientôt devenir une espèce de panacée d'accélérateur en photographie, puisque tous les jours, entre les mains de n'importe qui, et avec n'importe quelle préparation première du papier, nous voyons diminuer les poses de plus de moitié, sitôt que quelques gouttes d'acétate d'ammoniaque viennent se combiner à l'acide gallique qui n'avait pas assez de force par lui-même pour faire surgir la formation de l'image.

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CHAPITRE VI.

Méthode de photographie rapide sur papier par M. Vernier fils.

(Extrait de la Revue photographique, mars 1859)
« Monsieur le Rédacteur,
«  Depuis la découverte du collodion, les procédés sur papier sont à peu près mis hors de pratique, et cela pour de bonnes raisons. Le collodion fait plus net et marche plus rapidement. Cependant, si l'on compare deux épreuves positives du même paysage et de grande dimension, l'une prise sur collodion, l'autre sur papier négatif, on remarquera que l'épreuve prise sur papier est plus grasse, plus moelleuse, plus aérée, plus profonde ; en un mot, plus artistique que la première. Cette différence de résultats m'a conduit à de nouveaux essais sur papier, dans le but d'obtenir la netteté et la rapidité du collodion.
La méthode que je soumets à l'appréciation de vos lecteurs comblera, je l'espère, cette lacune et rétablira les pa-piers négatifs au rang qu'il occupait primitivement parmi les procédés photographiques. Comme base de mes nouvelles expériences, j'ai choisi la gélatine, employée par un d nos habiles artistes, M. Baldus ; cette substance n'altère pas le bain d'argent et lui conserve toute sa limpidité. En suivant sa méthode, j'obtiens plus de finesse par un encollage que je lui donne avant l'ioduration, et plus de rapidité en l'immergeant dans un bain éthéro-alcoolique d'iodure avant de le passer au bain d'argent ; outre ces deux opérations , qui sont en dehors du procédé de M. Bal-dus, je développe au sulfate de fer, qui, comme on le sait, est le révélateur le plus prompt.
« Voici du reste, la méthode telle que je la pratique :
«  Je choisis du papier dont la pâte soit très égale ; je marque l'envers au crayon, puis je l'étends sur la substance suivante :

Eau de pluie   1 litre
Gélatine   15 g.

Je laisse flotter le papier une à deux minutes sur le bain, après quoi je le relève et le fais sécher par suspension. Je prépare ainsi un grand nombre de feuilles ; quand elles sont sèches, je les réunis dans un cahier de papier buvard, lequel est ensuite mis sous presse jusqu'au lendemain.
Ioduration; — Si la substance gélati-neuse qui a servi à l'encollage des papiers est encore assez étendue, j'y ajoute par 100 de liquide : iodure de potassium : 3 grammes ; bromure de potassium : 60 cen-tigrammes ; je fais dissoudre à chaud et je passe le tout dans un linge, puis je verse cet enduit chimique dans une cuvette tenue tiède sur un poële. Je prépare ensuite les papiers comme la veille, en ayant soin d'éviter les bulles d'air et de placer chaque feuille sur le côté déjà préparé. Après dessiccation, je les renferme dans une boîte tenue en lieu sec. Cette double préparation donne une plus grande finesse aux épreuves, rend le papier inaltérable, lui conserve sa blancheur et ne produit jamais de taches. Cela se comprend : l'iode n'étant jamais avec la pâte du papier, qui renferme souvent des corps de toute nature qui le neutralisent sur un certain rayon et produisent, lors de la venue de l'image, une infinité de petites taches qui déparent l'épreuve d'une manière irréparable. Cet encollage préliminaire est donc d'une utilité incontestable.
Sensibilisation et impression lumin

MISONNE

Merci, stop T'ton Jacques ... c'est trop chargé , trop compliqué , je peux pas tout lire ...moi !!!...
Je prefere lire les pin up  , c'est plus simple ... jolie a regardé ...
Misonne ...

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