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Bromoil

Démarré par Stance, 22 Mars 2015 à 20:06:06

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Stance

Bonjour, je suis étudiante à Louis Lumière et je rédige actuellement un mémoire sur le bromoil.
J'ai déjà réalisé quelques tirages prometteurs avec du Foma 112.
Je me suis donné la lourde tâche de pouvoir fixer quelques paramètres et pour cela j'ai entrepris une étude sensitométrique avec plusieurs papiers. Voici le principe : afin de pouvoir rendre compte du rendu de valeur du procédé, j'ai réalisé des tirages d'une gamme de gris pour pouvoir voir une fois encrée comment les valeurs étaient restituées.
Je sais qu'il est vraiment difficile de vouloir quantifier un tel procédé mais dans ma recherche pour mon mémoire, je suis pour ainsi dire obligée de le faire, ou du moins de le tenter. Pour prendre en compte le moins possible le facteur interprétatif du procédé, j'ai choisi un encrage au rouleau. J'en ai trois différents : un dur pour la linogravure, un un peu plus mou et un autre en mousse.
Naturellement je teste plusieurs temps de trempage à 20°C puis à 25°C. Jusque là mes résultats sont catastrophiques. Avec le rouleau en mousse, l'image passe en négatif !! Je n'arrive absolument pas à comprendre pourquoi. Avec les autres rouleaux, impossible d'obtenir du contraste. Les blancs sont gris, j'arrive à restituer les basses lumières à peu près correctement. J'ai gardé un endroit non exposé exprès, mais il est restitué gris. Mais si je laisse tremper plus longtemps, l'encre ne tient évidement pas.
Je serai vraiment reconnaissante à qui que ce soit de pouvoir me donner des pistes.
En vous remerciant !

première image : gamme non encrée
deuxième image : gamme en négatif avec rouleau mousse
troisième image : gamme encrée avec rouleau linogravure

Armand

Bonsoir,

Je précise tout de suite que je ne pratique pas le Bromoil mais l'Oléotypie. Ces deux procédés sont tout de même proche, pour ce qui de l'encrage.

Ce que vous décrivez, j'y ai été confronté et je pense pouvoir dire qu'il y a deux erreurs à corriger :
- La première est au niveau de l'encre. Il faut de l'encre dure pour les premiers passages. Quant je dis dure c'est du 55985 de chez Charbonnel ou du 55981 mélangée avec du pigment. Pour ma part, je ne me serts lus que de la 55981 avec du noir de fumée. J'en prépare une toute petite noisette très très sèche (difficile à décrire en mots). Il en faut très peu pour un tirage, mais çà, vous vous en rendrez compte par vous même. N'acheter que les petits tubes de 60 ml amplement suffisant pour une grande quantité de photographies et qui évite le dessèchement de l'encre dans le pot.
- La deuxième erreur doit venir de la quantité d'encre prélevée par le rouleau. Nous avons toutes et tous la tentation de prendre beaucoup d'encre, beaucoup trop d'encre. Mais en fait, il faut u'il n'y en ait que très très peu sur le rouleau.

Après, je ne fais pas au rouleau, mais au pinceau. Là je n'ai pas de conseil particulier, je sais que Lionel entre autres se set de rouleau.

Que l'image vienne en négatif, cela m'est arrivé, surtout quand je veux aller trop vite et surtout si j'encre directement avec de l'encre "molle". Mais en insistant avec le rouleau, l'image apparaît telle qu'elle doit être.

Un autre défaut, hormis l'image négative, ce sont les blancs restant gris. Et çà, typiquement, vous ne passez pas suffisamment le rouleau. Il faut multiplier les passages en croisant. Par exemple, vous placez votre papier en format portrait, vous commencez par le haut gauche vers le bas gauche, vous décalez de la largeur du rouleau en chevauchant un chouïa et ainsi de suite jusqu'en bas à droite. Une fois arrivée là, vous tournez votre papier d'un quart de tour et ainsi de suite sur deux, trois ou quatre touts complets du papier. J'ajoute qu'il impératif de se méfier de la quantité d'encre sur le rouleau. Je ne peux que vous conseiller de ne prélever de l'encre qu'une seule fois pour ces trois ou quatre tours. Cela aura l'avantage de bien répartir l'encre, surtout s'il y en a de trop sur le rouleau. En faisant comme çà, même si lors des premiers passages, vous voyez votre image en négatif, au fur et à mesure des passages, votre images apparaîtra.

Une fois ce premier encrage, je vous conseille de tremper à nouveau le papier une à deux minutes. A ce sujet, je vous conseille également de ne aller au delà de 20°C pour l'eau du bain. Au delà de 25°C, la gélatine ne fond pas mais se ramollie dangereusement.

Après ce deuxième trempage, on recommence un encrage. Là, il faut estimer s'il est nécessaire de prélever de l'encre ou s'il en reste suffisamment sur le rouleau. L'idéal à ce stade serait d'avoir un rouleau vierge d'encre, au moins pour vos premiers essais. En effet, avec ce rouleau propre, le papier ayant séjourné dans l'eau et la gélatine non tannée s'étant re-gonflée, vous "nettoierez" les blancs. Une fois compris la technique, c'est assez bluffant.

Pour ce qui est de la sensitométrie, là, je donne ma langue au chat. Ce que je sais, c'est qu'il est possible d'obtenir des noirs profonds car l'encre taille douce est très couvrante. Vous vous attaquez à une tâche ardue et c'est tout à votre honneur. Ce qu'il est important de connaître, c'est que même pour une charte de gris, pour avoir un noir profond et un blanc pur, il vous faudra à minima une demi-heure d'encrage.

Il y a un autre point qui doit influer sur la sensitométrie, c'est le rendu obtenu. En effet, avec l'encrage au pinceau, on peut avoir une sorte de grain assez grossier ou tout au contraire une douceur soyeuse. Avec le rouleau, je ne sais pas mais je pense qu'il doit y avoir une sorte de grain.

Voilà quelques pistes,

Bon courage et tenez nous au courant. Et surtout, une fois votre mémoir défendu, mettez nous un lien pour qu'on puisse en profiter.

Amicalement

Armand

Armand

J'oubliais, votre papier, au sortir de chaque bain de trempage doit être essoré. Au tout début, il n'y a pas d'encre, moi je l'essuie avec un torchon vaisselle, propre et dédié photo sur les deux faces. Je pose le papier sur un journal, j'ai pas dis revue papier glacé, non, journal Huma, Monde, La Dépêche du Midi, Creuse Première, etc, etc. Au deuxième passage, je sorts le papier du bain, je le pose côté encré sur le journal, j'essuie le dos avec mon torchon, je le retourne et la face encrée est essorée avec du papier genre Sopalin. A ce stade, on peut balayer la partie encrée avec le Sopalin sans appuyer. Mais au début, je conseille de tapoter pour "aspirer" les gouttes d'eau. Ne pas s'affoler si en opérant comme çà, des traces apparaissent, un peu d'encre restant sur le Sopalin. En passant le rouleau tout redevient normal. Et de plus, l'encre polymérise au fur et à mesure, suffisamment pour qu'en faisant doucement, on obtienne un beau tirage.

N'hésitez pas, il y aura des réponses.

Stance

Je vous remercie beaucoup pour toutes ces pistes. Je pense que cela va beaucoup m'aider et surtout cela me redonne un peu de courage après cette journée d'échecs entre images négatives et tirages qui s'enroulent autour du rouleau ! Je pense que ma principale erreur vient de l'emploi d'une encre trop molle mais aussi sans doute du fait de vouloir aller trop vite. Ces procédés mettent la patience à rude épreuve surtout lorsqu'on débute !
 
Je posterai mes prochains résultats (plus positifs, je l'espère) !

Merci encore

Constance

didier d

Bonjour,

Armand a quasiment fait le tour de la question, j'ajouterais simplement une dernière piste: comment déterminez-vous votre temps d'expo ? essayez de doubler ou quadrupler le temps, ou au contraire diviser par deux ou quatre, et voyez ce qui se passe.

Mais à mon humble avis, vouloir "standardiser" ce procédé est un peu illusoire...

Bon courage :)

Stance

Oui, je sais qu'il est un peu illusoire de vouloir standardiser ce procédé. Sans le mémoire, il est sûr que je n'aurais pas procédé ainsi et j'aurais directement fait mes essais sur des images.
En fait, le but de ces tests est de déterminer dans quelles mesures le tirage de base doit être exposée. De mes premiers essais il y a quelques mois, j'ai retenu qu'il fallait surexposer par rapport au rendu voulu. Cette charte a été exposée dans les conditions les plus "normales possibles", grade 2 ou 3 selon le papier et de façon à obtenir le plus de plages possibles allant du blanc papier à une Dmax.
J'ai refais de nouvelles gammes aujourd'hui, en doublant et en quadruplant le temps d'expo en faisant des bandes sur le même tirage. Merci pour cette piste.
J'aurai des résultats mercredi.

Bonne soirée.

Armand

Hello Stance, hello Didier,

Tu as raison Didier en parlant de l'exposition. Il faudrait savoir comment vous exposez vos épreuves, au soleil ou sous lampes UV. Le premier fonctionne très bien, c'est sans soucis mais difficilement reproductible donc impossible à quantifier sur une série. En revanche, avec un banc UV ou à minima une lampe à bronzer, cela fait un facteur constant.

L'intervention de Didier m'incite également à préciser que j'avais la fâcheuse habitude de trop exposer mes tirages. Et je pense pouvoir affirmer qu'il est beaucoup plus aisé de sauver une- tirage sous exposer que l'inverse.

Ceci étant dit, je m'interroge sur la pertinence de quantifier ainsi la densité. Ce procédé est tout de même aléatoire. Autant, sur un tirage argentique, à temps d'exposition constant, développement à fond, on peut différencier divers papiers. Autant avec ce procédé, cela reviendrait à vouloir quantifier une densité d'une peinture. Plus on met de médium, plus ce sera dense mais seule la main de l'homme est en cause. Le support papier n'y fera pas grand chose à mon avis.

Il faut également savoir qu'avec ces procédés, les papiers brillants ne fonctionnent pas, l'encre n'adhérant pas. Seuls les papiers mats sont efficaces. Ce qui pourrait être intéressant, c'est de voir les interactions visuelles d'un même tirage sur du papier blanc et du papier chamois, papier ton chaud, papier ton froid.

Je vous casse peut-être un peu le moral, mais je suis persuadé en rejoignant Didier, que le quantifiable n'est pas l'essentiel de ces procédés. On joue plus sur le subjectif mais je me trompe peut-être.

Bonne soirée,

Armand

didier d

Citation de: Stance le 23 Mars 2015 à 20:31:22
De mes premiers essais il y a quelques mois, j'ai retenu qu'il fallait surexposer par rapport au rendu voulu.

là dessus, je rejoins Armand, et je dirais au contraire qu'il vaut mieux une légère sous exposition que l'inverse... par contre, si l'on est vraiment trop sous-ex, il peut se produire un phénomène de "grisaille générale", voilà pourquoi je vous conseillais de faire des tests dans les deux sens... et comme dit précédemment, la dureté de l'encre est un facteur déterminant, quelle encre utilisez-vous ?

une autre question: quel est exactement le sujet de votre mémoire ?

Stance

Bonsoir !

Je teste effectivement plusieurs papiers mats avec des tons différents. Je pense effectivement laisser tomber cette partie car c'est beaucoup trop aléatoire. Me concentrer sur l'encrage sera beaucoup plus constructif.
Il y a une confusion avec l'oléotypie sur le mode d'exposition. J'expose à l'agrandisseur puisque le support du bromoil est un tirage argentique sur papier baryté et que le but est de faire des agrandissements et non des tirages par contact. J'ai lu dans plusieurs livres qu'il fallait sur-exposer légèrement.
J'ai utilisé l'encre Charbonnel 55981, beaucoup trop molle, lors que mes prochains encrages j'aurai la 55985.

Bonne soirée et merci de toutes vos remarques et conseils !

Constance

Armand

Oui, c'est vrai que c'est du bromoil. J'ai en tête l'oléo d'où ma confusion pour le mode d'exposition.
Je vous conseillerai d'acheter du pigment noir de fumée pour mélanger à votre encre. Pour avoir utilisé la 85, certes, elle est plus dure mais pas suffisamment pour le premier encrage. Il faut vraiment une encre dure. Si on se contente d'une encre molle, alor il faudra encrer en plusieurs jours avec un temps de séchage de chaque couche d'encre sinon çà fait un gros pâté. L'encre dure donnera du gris partout, plus ou moins soutenu sans donner de véritables noirs. Elle sèche rapidement, pas à coeur mais assez pour qu'elle ne parte pas sous un coup léger de chiffon. Une fois fait, on peut lors de la même séance passer à l'encre 81 pure. Alors, on peut obtenir de beaux noirs.

Le bromoil tout comme l'oléotypie s'apparentent à la peinture en ce sens qu'on interprète le sujet. On peut minimiser un sujet, un arrière plan, on peut accentuer des traits en les éclaircissant ou en les noircissant.

C'est un procédé passionnant. J'envisage de tester sérieusement en couleur avec une mise en oeuvre beaucoup plus ardue.

Armand

didier d

pour durcir l'encre, on peut également y ajouter du carbonate de magnésium (je n'ai pas encore testé mais je subodore que c'est même plus approprié que le pigment)

MISONNE

@ didier
Oui tu peux essayez avec un peu de carbonate de magnésium ,
mais pour moi pour durcir l'encre , je rajoute de la poudre de pigment me suffit .

@stance
Je fait d'Oleotypie depuis plus de dix ans ( bigre , hé oui , c'est beaucoup )
L'oléotypie est plus simple que le Bromoil sur le processus ...

J'ai eu quelque fois (rarement ) avoir  une image encré et en négatif ,pourquoi .
je pense que cela viens d'avoir trop absorbé d'eau dans le papier , il y a une possibilité ,
ce que je fait , j' éfface  tout l'image avec de l'essence térébenthine et ensuite bien lavé avec l'eau ,  sèchez plusieurs heures ( pas sur le radiateur ) une fois sec je retrembe dans l'eau 5 mn  et je repasse l'encre , la , l'image sera en positif ...

Pour l'encre , si tu veux avoir une image douce , il faudra prendre l'encre qui n'est pas dure , comme si on prend tt de suite du pot avec un couteau mais l'image sera beaucoup trop de gris , un peu froid , mais pas de contraste , les blancs serons assez grisailles et les noirs manque de profondeur ...
Pour le contraste mais pas trop dur , la , il faut prendre la meme encre et mélangé avec un peu de poudre de pigment , il aura moins de gris et plus de noir et plus de blanc ( pas très blanc ) .

Oui en théorie , on passe la première couche d'encre dure , la suite plus douce ...

Pour passez l'encre au rouleau , je ne fait pas ( une fois ) ce n'est pas mon truc , celui la il donnera une image assez contrasté , ne pas trop forcé , sinon il se déchirera ...
Le pinceau est mon préféré , c'est plus ouvert , plus interprétation ,
on peux avoir une image douce , gras, gros grain, ou bien un peu comme une gravure ...
Chacun est libre interpreté ..
Il est impossible avoir les deux images identiques, pourquoi?  , c'est la main , le pinceau, ou bien l'encre qui joue un role interprétation ...
Regarde les photo de leonard Misonne ...elle sont très belle et unique ...

tu as utilisé le papier Foma 112 , oui c'est un bon papier , il est souple et peu chère ,
tu a fait du Bromoil avec ça  ? , et ça marche ? hé bien tant mieux pour toi ...
C'est un papier que j ' utilise beaucoup pour mon procédé Oléotypie et il marche bien ..

Je te souhaite une bonne réussite , alors profite toi et fait bien ton travail ...

Stance

Bonjour à tous,

Déjà, je vous remercie car vos conseils m'aident à progresser. Je suis super équipée en encre et pigment en poudre maintenant. Mes encrages s'améliorent petit à petit. Même si ça reste assez compliqué pour le moment.
Soit j'obtiens des choses trop contrastées, soit du tout gris. J'ai essayé l'encrage au pinceau, un peu compliqué au début mais une fois qu'on a compris les différents gestes, ça commence à venir. Par contre avec le pinceau, il m'est difficile d'obtenir les détails de mon tirage. Le tout ressemble à pas grand chose finalement.
J'ai effectivement conclu que, dans le cas du bromoil, une surexposition était nécessaire.

Pour répondre à la question de didier d : le titre de mon mémoire est : étude d'un procédé de tirage aux encres grasses : le bromoil. Nouveaux enjeux techniques et esthétiques. Bon le titre n'est pas définitif. Mais dans le principe, il s'agit de tester différents supports, papiers que l'on trouve actuellement (super-coated alors qu'il s'est beaucoup dit à une époque que c'était impossible) et adapter le procédé à ces matériaux. (exposition de l'image argentique de base par ex). Je teste également des bains de blanchiment différents, différentes techniques d'encrage etc.
Ensuite les enjeux esthétiques aujourd'hui, en gros si les pratiquants du procédé ont plutôt tendance à coller au rendu pictorialiste dans le choix du sujet et le traitement de l'image. Ou si il explorent le procédé pour un rendu différent, c'est le cas que certains artistes dont j'ai pu voir les sites internet. A ce sujet, si vous connaissez des bromoilistes, j'aimerais bien leur posez quelques questions.

Misonne, dans mon mémoire, j'écris quelques lignes sur le médiobrome qu'a mis au point Léonard Misonne. J'ai lu des choses, j'ai essayé de comprendre, mais ça reste un peu flou. Est-ce possible que vous m'en disiez quelques mots?

Bonne journée !

Stance

Pardon Misonne, je vois qu'il y a un fil de discussion consacré au médiobrome, je vais donc y piocher des infos, merci !

Stance

Bonjour à tous,


Après 3 semaines à insister, m'entrainer, comprendre, ça progresse, ça progresse... avec une image test d'archi pour voir le rendu des détails et surtout sujet répétitif pratique pour tester les différents temps de trempage.
Pour l'instant tests avec une seule encre. Encrage au pinceau, j'ai rangé les rouleaux pour l'instant, je n'arrive à rien avec, par ailleurs on se sent un peu magicien avec le pinceau !



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