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Satapa / Satista +

Démarré par Lionel, 28 Novembre 2011 à 19:53:55

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Lionel

Jacques Collet m'a envoyé par mail ce texte rédigé par lui-même concernant ce procédé de tirage.

Je vous le livre tel que  ;)

Si vous avez des choses à préciser, des remarques, des questions, des résultats de test, etc., n'hésitez pas à poster !

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Dans le n° 39 du bulletin, nous avons expliqué (assez légèrement) ce procédé issu des recherches de Dick Sullivan sur le Satista [1] et permettant aux platinistes et leurs consorts palladiotypistes (?) de produire des images comportant un minima de ces sels nobles devenus très onéreux.

Il y a donc plus de trois ans que nous fîmes nos premiers tests et nous avions obtenu rapidement des résultats.

Pour les membres qui ne possèdent pas le bulletin en question, ou qui ont ignoré l'article, nous résumons :

Le principe consiste à sensibiliser une feuille de papier avec une solution d'oxalate ferrique d'ammonium à 20% plus un apport minime de sel noble (quelques gouttes).

On insole puis on développe au pinceau avec une solution de glycérine et de nitrate d'argent.

Après développement :

Première méthode :

On lave abondamment pendant 5 minutes et on fixe avec de l'hyposulfite à 25/1000.

OUI, vous avez bien lu..., la solution d'hypo est très faible et bonne à jeter après utilisation. Ce n'est pas un fixage comme pour un papier bromure mais un nettoyage des sels de fer. L'image est plutôt d'un ton sépia.

Seconde méthode :

On peut lorsque l'image paraît de bonne facture, laver abondamment après l'insolation, pour ôter le surplus d'argent, et passer directement à un virage aux sels d'or ou au sélénium. Le fixage se fait avec la solution citée plus haut. Le ton de l'image dépend du type de virage employé. Avec l'or, elle est souvent indiscernable d'un palladium.

Précisons qu'après l'étendage de la solution de glycérine et d'argent sur l'épreuve, l'image est fort sale, boueuse, vraiment moche. Un ton rougeâtre laisse sous entendre que le tirage est loupé.

Pas la peine de se presser : une solution de 3 ml. de glycérine avec environ 0.5 ml. de nitrate d'argent est suffisante pour un 24×30. Parfois cette solution paraît trop faible. Pas d'affolement, laissez le développement se faire.

Descendez au café du coin pour boire une bière ou un grog suivant la saison et attendez au moins une dizaine de minutes, voir un peu plus.

Ayant exécuté une bonne vingtaine de tirages, pas toujours convaincants, je décidais en un premier temps de supprimer le palladium dans la liqueur sensibilisatrice. Et les tirages suivants montrèrent une telle meilleure qualité que je décidais de ne plus sensibiliser qu'avec de l'oxalate ferrique d'ammonium seul. J'exposais lors de Bièvres 2001 six "nus" réalisés en Satapa qui ne montraient aucune différence, dès lors qu'ils avaient été virés à l'or, avec de "vrais" palladium. La conservation d'après notre ami Leterrier ne devrait souffrir aucun problème, dès l'instant où le support papier est de bonne qualité et bien lavé...

De nos jours, les métaux — platine et palla-dium — sont plutôt acquis par l'industrie automobile (pots catalytiques), et il était important de poursuivre des recherches sur ce procédé très voisin de la Kallitypie.

Pour les personnes qui ont l'intention de se lancer, il est bon de suivre au mieux les règles que nous préconisons :

Le papier :

Il doit être d'excellente qualité. Je préconise le papier Lavis Technique de Vinci en 214 ou 314 grammes. Il m'a toujours donné de bons résultats avec le palladium : il a du corps et il se tient bien dans toutes les baignades auxquelles il est confronté.

J'ai testé divers papiers et certains démontrent qu'ils sont à exclure du procédé :

Si le lavis technique de Canson fonctionne bien avec le palladium, il possède un encollage plus léger que le Vinci. Impossible d'en extraire le fond jaune d'oxalate d'ammonium, même avec un fixage plus fort que celui préconisé. C'est d'ailleurs le problème que l'on rencontre le plus fréquemment.

Les papiers très légers comme les layouts sont bien encollés puisqu'ils résistent aux feutres indélébiles, mais il faut les travailler scotchés sur une plaque d'Altuglas.®

On continue avec du papier vendu par Bostick et Sullivan dans les années 86, recommandé pour le platine-palladium. J'en acquis à l'époque 3 rames à un prix dément compte-tenu des frais d'envoi.

Là encore nul, archi nul. J'avoue que je ne le trouvais pas extraordinaire avec le palladium sans un réencollage puissant de gélatine. Et sa soi-disante blancheur frisait plutôt le ton ivoire.

Le Canson C à grain, vendu dans toute la France et la Navarre, montre bien son appellation après exposition. Sa granulation est bien forte, même sensibilisé sur la dorsale. Mais il est difficile parfois d'en soustraire la coloration jaune due à l'oxalate d'ammonium. Et si vous tentez un fixateur plus fort, l'image se couvre de taches indélébiles.

J'ai retrouvé un stock de papier Canson Montval, destiné à l'aquarelle. Sa texture ne me séduisait pas aux périodes où je palladiais à outrance. Son grain semblait bien trop fort pour les détails que je désirais. Mais pourquoi ne pas faire quelques tests ? En fait, son encollage destiné à l'aquarelle semble de bonne qualité et la coloration jaunâtre disparaît bien après fixage.

J'eusse dû essayer d'autres papiers mais le temps m'a manqué.

J'ai cependant retrouvé une boîte de "Crane's KID FINISH", un 100% coton, genre de papier à lettre, importé par un ami des U.S.A. et les résultats sont excellents : référence PS 811, Pearl White, mais seulement disponible en 8 1/2 x 11 pouces, soit un format proche du 21×29,7 cm. Il est possible que nos amis américains puissent obtenir des formats plus grands (cf. page 11 dans le bulletin n°42).

Mais si tel est le cas, vous avez intérêt à le fixer sur une feuille d'Altuglas® pour travailler, son grammage étant faible.

J'ouie susurrer au fond de la classe : "Et le Fabriano, le Lanal, l'Arches Pt, le COT 320 ?"

— Primo : Fabriano et Lanal sont des marques qui fabriquent, l'une et l'autre, au moins une trentaine de papiers, qu'il vous est possible d'essayer si le cœur vous en dit.

Et si c'est le cas, informez-nous de vos résultats, afin de ne pas être avare de renseignements pour le bonheur des autres.

— Secundo : L'Arches platine et le COT 320 donnent des résultats très inégaux, taches nombreuses parfois.

En voici assez avec les papiers.



L'étendage :

Les premiers temps, peu avare de l'oxalate d'ammonium (prix négligeable), j'ai "arrosé" le papier. J'ai cru bon aussi d'ajouter du "liquid médium", comme je le faisais avec le palladium.

Je dis STOP !, plantage assuré.

On en revient au système inégalé d'un nombre de gouttes utilisé en pt-pd. Les béotiens apprendront que pour sensibiliser un format déterminé de papier, il faut mettre dans une soucoupe blanche "X" gouttes suivant l'appareil d'étendage utilisé et le papier. Car nous avons deux solutions possibles : le pinceau ou le puddle pusher. Ce dernier demande une certaine habitude au point de vue pratique et convient plutôt au pt-pd (chlorures chers).

L'oxalate ferrique d'ammonium coûte moins cher en solution à 20% qu'un litron de KIRAVI à 12%, le velours de l'estomac

Nous préconisons l'usage d'un compte gouttes, parce que le papier ne doit recevoir que le minimum de solution sensible, et pas plus...

Le "barbouiller" de sauce ne sert à rien, sinon à obtenir des échecs.

Le nombre de gouttes — avec un compte-gouttes normalisé — dépend aussi et encore du papier et de l'appareil utilisé.

Oublions encore le puddle-pusher pour l'instant et tenons-nous en au pinceau.

Inutile d'acheter un pinceau à 50 $, — cela existe — Une brosse plate (30 ou 40 mm) est suffisante, dès l'instant où l'ayant bien agité sur la paume de votre main, les soies sont bien collées au manche.

En pt-pd, il était conseillé d'utiliser des pinceaux sans virole métallique... Je n'ai compris pourquoi que récemment : trouvant dans un vide-grenier un certain nombre de brosses datant de 1900, des plates ou des rondes, j'ai constaté que les viroles de l'époque étaient en cuivre ou en acier à ferrer les ânes, métaux propices à l'oxydation.

A présent, 80 % des brosses vendues dans le commerce ont des viroles en acier galvanisé, bichromaté et parfois même en inox. Elles résistent très bien à l'agression des produits si bien lavées.

Conseil pratique : n'oubliez pas d'étiqueter toutes vos brosses en fonction du produit, genre Ox-Am, pour l'oxalate d'ammonium, Ag pour le nitrate d'argent, etc.

Nota : à l'inverse des pinceaux dont je me sert pour le platine-palladium, solutions de chlorures acides, je n'ai jusqu'à présent utilisé que deux pinceaux, un bref passage dans de l'eau savonneuse suffit à les rendre propres. Celui du mélange nitrate d'argent a noirci mais ça ne cause pas de problèmes.

On parlait un peu plus haut du nombre de gouttes : un pinceau moyen et sec absorbe du fait de sa capillarité une quantité variable de solution. Pour une brosse plate de 30 mm. de large, je vous propose les chiffres suivants :

·       format 18 x 24 cm., @ 38 gouttes

·       format 24 x 30 cm., @ 48 gouttes.

Remarque : la difficulté d'étendage de la solution vient principalement de sa couleur jaune très clair, ce qui fait qu'on ne voit pas toujours bien si le papier a reçu "sa bonne dose".

Compte-tenu du peu de liquide étendu, le Vinci, par exemple, est pratiquement sec en 10 minutes et il serait bon à insoler mais vous risquez des marges sales après développement. Explication : le papier semble sec, mais en réalité, un peu d'humidité résiduelle existe et l'argent se précipite sur ces parties lors du premier lavage. Aussi, je conseille de préparer les feuilles la veille ou même plusieurs jours à l'avance.

Nota : je ne prépare jamais plus de deux feuilles à la fois, c'est à dire que je compte environ 48 gouttes dans 2 coupelles différentes. Je prétrempe le pinceau avec quelques gouttes d'eau distillée pour le "nourrir" et l'essore sur du papier absorbant. Sinon les soies pompent toute la liqueur d'un coup et il n'y a plus assez de liqueur pour étendre la surface 24 x 30.

Le SATAPA est très sensible. Un négatif pour le palladium demandait 10 mn. En satapa, on descend à 4 ou 5 mn.

La chose surprend les premiers temps. Le papier insolé montre très peu d'image, si ce n'est que les marges paraissent d'un brun très léger. Il n'y a pas lieu de s'affoler.

Mettez de côté votre négatif, notez votre temps de pose dans la marge. On peut, les premiers temps poser en marge une gamme de gris, Step Tablet de Kodak ou une Stouffer (dix fois moins coûteuse.

Le développement :

B & S recommande une solution de 10 millilitres de glycérine et de 2 ml. de nitrate d'argent à 10 % dans de l'eau distillée, pour un format 20×25 centimètres.

Comme la glycérine ressemble à une huile bien visqueuse, elle a une certaine propension à se répandre tout au long du flacon qui la contient. D'autre part le nitrate d'argent peut se mesurer en gouttes soit 40 gouttes pour 2 ml, mais c'est lassant de devoir compter un liquide incolore dans une coupelle blanche.

J'avais donc fabriqué, après les premiers essais, un flacon de 200 ml. de glycérine auquel j'avais ajouté 20 ml. de nitrate d'argent, mais la chose n'est pas à faire. Au bout de quelques jours, phénomène chimique (?), le nitrate d'argent se dépose au fond du flacon et les images sont impossibles à développer ou bien, présentent un aspect déplorable.

Or, après avoir effectué une bonne centaine de Satapa, il s'avère que les proportions de glycérine et de nitrate d'argent peuvent s'effectuer au "pif", mais en ce cas, il est impossible d'avoir des résultats répétitifs, à l'inverse du palladium où un révélateur tout neuf ou une vieille soupe de 1985, parfaitement filtrée et régénérée de temps à autre donne toujours la même image.

Comment faire ?

Pas question de diluer la glycérine, je l'ai déjà dit, même avec de l'eau distillée. Mesurer avec une seringue ? Pourquoi pas, mais il faut une grosse seringue, propre à injecter un dose assez conséquente à un cheval.

On en jette tous les jours des milliers dans tous les labos... il s'agit des boîtes transparentes de film. Que ce soit Kodak, Agfa ou Fuji, le quart de la hauteur de ces boîtes représente 10 millilitres de glycérine, ça se nettoie à l'eau claire et ne coûte rien.

Il suffit de faire une marque au feutre indélébile au quart de la boîte et la mesure est parfaite pour un tirage 20×25. Pour les puristes, on rappelle que la glycérine possède une densité de 1,264 et ils peuvent s'amuser avec une micro-balance. On verse ensuite dans un coupelle de porcelaine ou autre mini-récipient de verre.

Pour la solution de nitrate d'argent, j'ai usé les premiers temps du "pifomètre". Et ça fonctionne assez bien. Les seringues coûtent peu de chose. Achetez-en une dizaine, calibrées à 2 ml. C'est tellement facile de soutirer ces 2 millilitres, et de les verser sur la glycérine.

Nota : pour éviter le désordre et les taches, on met la seringue dans une cuvette avec de l'eau courante, on aspire et on rejette pour nettoyer celle-ci. A la longue cependant, le nitrate d'argent "bouffe" le joint torique de la seringue et on la jette.

Nous voici avec un nappe de glycérine et de nitrate surnageant. On remue sérieusement ces deux matières avec une petite cuillère en plastique. Il faut obtenir un mélange homogène des deux produits.

Le développement :

Un pinceau lui est consacré et marqué en conséquence, genre AG.

La feuille insolée est scotchée sur un support quelconque. On charge les soies du pinceau avec la solution de glycéro-nitrate et on badigeonne rapidement la feuille de papier. Les marges passent tout de suite à un fond brun assez sale. L'image n'apparaît pas toujours dans l'instant, surtout si le papier est un peu vieux.

On "mouille" de nouveau, c'est à dire qu'on repasse en long et en large le pinceau sur la surface du papier. Pas la peine de forcer sur les soies du pinceau et d'essayer de mieux rendre l'image.

La glycérine bloque l'oxalate sensible et le nitrate rentre lentement dans la surface exposée. La glycérine retarde la « copulation » des particules d'oxalate et celles du nitrate d'Ag.

La première image peut demander beaucoup de délai pour se former complètement, et bien boueuse. On a l'impression que c'est totalement sous exposé, mais.... Comme déjà dit précédemment, pas de panique ; parfois il faut plus de dix minutes.

Un autre essai donne une image presque noire dès les premières secondes. Vous pouvez la garder en souvenir, mais elle est totalement surexposée ou bien vous avez mis trop de nitrate.

Une gamme de gris permet de se rendre compte.

Entre la première image paraissant sous-exposée et la deuxième surbourrée, il existe un nombre d'épreuves qui seront parfaites et d'une grande stabilité.

Le SATAPA s'adresse particulièrement à ceux qui possèdent des négatifs anciens ou qui savent les faire pour un procédé tel le pt-pd.

Il est au moins deux fois plus sensible au U.V. que le palladium.

Chimiquement et côté coût, cela n'a rien à voir. Un gramme de palladium coûte 60 €uros, et un gramme de nitrate d'argent 0,40 €uro !!!

La première fois où vous avez l'intention d'utiliser ce procédé, il faut posséder des négatifs "bien bourrés" comme certaines plaques de nos aïeux.

Mes négatifs pour le palladium font généra-lement 1,60 à 1,80 de différence de densité entre les hautes et les basses lumières.

Un négatif possédant une différence de densité de 1,40 est tirable sans aucun problème, mais les temps de pose avec une boîte U.V. demande parfois d'interposer plusieurs feuilles de papier calque plastique (sans aucune granulation) pour ne pas avoir des temps de pose trop courts.

En effet, le Satapa est bien rapide mais il faut tout de même un minimum de temps de pose. Ce qui complique l'affaire, c'est, la fraîcheur du papier. Une feuille venant d'être sensibilisée et séchée au sèche cheveux pendant quelques minutes montre une propension à noircir plus facilement qu'une feuille datant de quelques heures, mais avec le risque déjà expliqué d'avoir des blancs sales.

Ce phénomène se remarque aussi avec le palladium. Aux USA, certains confrères utilisent d'ailleurs des boîtes pour humidifier leurs papiers. C'est flagrant en procédant de la façon suivante :

Que ce soit du palladium, du platine ou du Satapa, sensibilisez votre feuille de papier. A peine le support ayant absorbé le liquide et presque encore moite, couvrez-le d'une feuille de triacétate et de votre négatif. Posez immédiatement un "certain" temps" ; Dans ce cas, particulièrement avec le palladium, le tirage peut paraître abouti sans aucun révélateur. Or, celui-ci est indispensable et ne doit pas être oublié. Il fixe les miniparticules de métal noble sur le papier. Si vous clarifiez sans passer au révélateur, une partie de l'image disparaît. J'en ai fait l'expérience...

Un inconvénient de cette méthode de travail tient au fait qu'on ignore si le papier est assez ou pas assez humide?

Conclusion : Préparez deux ou quatre feuilles de papier à la fois. Laissez sécher une bonne heure et insolez. Le papier aura eu le temps d'absorber la "liqueur", sera moins "rapide" mais plus constant quant aux résultats. Car tout dépend du papier employé : un Lavis Technique Vinci de 214 grammes demande 10 minutes avant d'être employé. Le Montval est pratiquement utilisable au bout de 5 minutes. Non cité dans nos expériences, le BFK de Rives serait exposable au bout de 3 minutes, compte tenu de son absorption mais il révèle une mauvaise cohésion avec l'oxalate ferrique d'ammonium : des tâches et un fond jaune impossible à enlever.

Bonnes expériences.....!

Le 21 juin 2002

J.C.

Suite :

J'avais à peine fini de taper ce texte, que l'ami Rousseaud me téléphone : "J'ai essayé de nettoyer le fond jaune de certains papiers avec une solution très diluée d'hypochlorite de K (eau de Javel) et ça fonctionne".

La chose est connue avec les cyanotypes et m'a déjà permis de sauver de très vieux tirages bien jaunâtres dans les marges.

Illico, j'attrape une cuvette, la remplit d'eau du robinet et y verse deux bouchons d'une eau de Javel ancienne *. Je plonge un satapa aux marges bien jaunes et aussi un cyanotype du même "tonneau". Puis, comme c'est l'heure de diner, je vais en famille, et ne reviens qu'au bout d'une heure. Le cyanotype est redevenu bien pur mais tend à s'éclaircir ; je le mets à laver. Les marges du satapa ont blanchi mais demandent encore un peu de temps pour être parfaites.

Absorbé par la Télé, je l'oublie. Le lendemain, surprise : non seulement les marges sont bien blanches mais la quasi totalité de l'image a disparu...

J'ai bien sûr essayé de comprendre et j'ai trouvé plusieurs hypothèses :

Primo, l'eau de Javel employée vient du petit berlingot La Croix ® dilué pour faire un litre, il y a au moins six mois. L'eau de Javel est d'ailleurs un terme frelaté, car c'est un hypochlorite de potassium et non de sodium (cf. Schweitzer). Bref, l'eau de Javel, au contact de l'air perd un grande partie de ses propriétés et ce flacon n'avait plus le pouvoir d'une solution fraîche. Notez qu'un flacon de ce genre, ouvert pendant plusieurs mois, n'a plus aucune efficacité, le chlore étant un gaz au départ fiche son camp dans l'atmosphère.

2 bouchons, soit 20 millilitres dilués dans environ 2 litres d'eau, ont réussi à "bouffer" une image argentique.

Por que ? dirait notre employé de maison.

La question m'a turlupiné pendant quelques jours et je pensais que si l'image avait disparu, cela venait du support papier.

Quel est le produit qui "bouffe" sans aucun complexe la gélatine : l'hypochlorite de sodium et encore plus vite l'hypochlorite de potassium.... Tous les gommistes connaissent ce fait ; j'en ai conclu que le papier utilisé (du Vinci technique 240 g./m2) est bien encollé à la gélatine.

Et douze heures de baignade dans une solution même peu agissante ont suffi pour "virer" l'image.

Je pensai confier celle-ci à la poubelle avant son bain fatal : je n'ai pas de regret, et le coup de fil de Christian n'a pas été inutile. Afin de ne pas recommencer, il est donc important de surveiller la "baignade" de nos épreuves lorsqu'on souhaite désire en garder une trace.

Avant de chlore (gag !), on me donne dernièrement deux gravures à la pointe sèche, datant de 1823 et tirées sur Ingres. Je démonte les cadres et j'ai dans la main de petits bouts de papier, bien sales et mouchetés de différentes taches.

Comment les nettoyer sans abîmer les gravures ? Et bien, pourquoi ne pas les soumettre à l'hypochlorite ? Un bouchon pour 2 litres d'eau et une surveillance de tous les instants. Si j'ai eu quelques angoisses au début, les taches semblant augmenter de volumes, un lavage soigné et un séchage sous cahier buvard m'a redonné des marges bien blanches.



3 juillet 02

Cette anecdote de disparition de l'image me turlupinant encore, j'ai refait une solution d'hypochlorite avec les mêmes proportions, et là j'ai mis à tremper 2 tirages loupés, l'un sur papier R.C., l'autre sur baryté ainsi qu'un vieux plan film sur Kodelio datant de 1961.

Après 12 heures de baignade, les résultats :

Le tirage sur papier R.C. a pratiquement disparu ; il reste simplement des traces légères des endroits présentant le maximum des noir de l'image.

Le papier baryté après 24 heures est "bouffé" sur les bords mais l'image est encore tenace au centre. J'explique le fait car il s'agit d'un vieux bromure d'agence photo sur papier Mimosa et ces tirages étaient toujours glacés à chaud, ce qui a fortement durci la gélatine.

Quant au négatif sur plan-film, il est un peu blanchi, mais il a du être fixé dans un bain d'hypo aluné comme nous le faisions en été en Algérie.

On en termine provisoirement sur le Satapa et l'eau de Javel.

J.C.

21-2-04

Les mois passent et je n'ai repris mes expériences qu'au début de cette année.

Je fais d'abord quelques matrices avec une vieille boîte de Minograph (1995) et m'aperçois qu'il accuse à présent un voile de base de 0,40 et que son contraste a bien diminué, les écarts moyens de valeurs sont aux alentours de 1,20.

Comment faire ?



Augmentation du contraste :

Pour un format 24×30, je compte 48 gouttes d'oxalate d'ammonium et j'ajoute 2 gouttes d'une solution de dichromate d'ammonium à 25%, fabriquée en février 97. Malgré l'age de cette potion, le sensibilisateur prend une vigueur certaine et permet de tirer des négatifs de 1,00 de différence de densités !

Par contre, le temps de pose doit être allongé dans des proportions que je n'ai pas encore réussi à établir, mais au moins le double d'un tirage normal.



Pour terminer ce "roman", j'ai choisi d'effectuer un virage à l'or pour 80% des tirages effectués. Cela demande un peu de temps, mais les résultats semblent beaucoup plus constants.

Nous verrons dans les années à venir, ce qu'il en résultera au point de vue conservation mais je pense que ces images devraient me survivre...!



J.C.

Collet

si vous avez eu la patience de lire ce texte, j'ajoute que le KIRAVI, velours de l'estomac a disparu des linéaires depuis longtemps. En revanche, la faculté lui doit de nombreuses cirroses du foie... mieux vaut le Petrus  ou le château Margaux-- dixit l'ami Christian R --, question de moyen mais au prix du nitrate d'argent et du palladium., y a pas photo (?). Cela écrit et pour "rigoler", un soir bien arrosé, j'ai sensibilisé un bout de papier, exposé et développé avec un fond de bouteille de vin rouge.  Le vinaigre des cornichons fonctionnait aussi ... Mon ami Jean Louis Bloch lainé était témoin.
Je n'ai pas essayé de conserver ces bouts d'essai même en les cirant pour ceux qui lisent .
bonne nuit
J.C

Lionel

Le KIRAVI conserverait peut-être mieux les tirages que la cire ?

Mais bonjour la teinte dominante...  :D

troisieme type

Un grand merci à Jacques Pour cet article complet...
La simplicité du procédé donne envie d'essayer.

Christian R

La teinte dominante du Kiravi, c'est justement ce que j'ai obtenu en essayant de virer des cyanos au thé.

Ron Talis

merci pour la doc, très intéressante

Remarques: Les difficultés avec le papier n'ont fait qu'empirer depuis ton texte, si quelqu'un tombe sur un vieux stock de Crane's PS811 faites signe. La virole métallique du pinceau se dissout: chez moi c'est toujours (sauf une Vinci, en argent?)

Question: je n'ai pas compris, SATAPA c'est pas de palladium du tout ou bien une goutte?

Anecdote du Kiravi: sulfites, acides divers tout est là, mais le tanin?

payral

Ici je propose et illustre quelques améliorations pour un pinceau Richeson (Magic Brush) !!

J'avais oublié le lien:
http://payral.pagesperso-orange.fr/Richeson/index.html

Collet

Pour Denis (Ron), effectivement, j'ai vite supprimé le Pd ne voyant pas l'intérêt après quelques tirages.
ça n'ajoutait rien, sauf peu-être donner une légère coloration à l'oxalate ferrique...car un des problèmes est son peu de couleur lorsque l'on badigeonne le papier (avec modération, comme écrit).
Le Crane PS 811 fait parti des recommandations de Nadeau en 80 (?). Acquis à N.Y, je n'en ai jamais retrouvé depuis.
Pour le Kiravi, non disponible même à la grande épicerie du bon marché, j'ai en réserve en Lorraine des bouteilles de Postillon non millésimées mais de 1965 . Au grand dam de la collection de mon fils, oenologue averti, un flacon a été brisé sur une marche de l'escalier en calcaire. qq jours après, la roche était bouffée comme si on avait mis du vinaigre.
Cela écrit, je n'ai jamais essayé sur un palladium mais ça devrait marcher.
Citation de: payral le 29 Novembre 2011 à 17:14:12
Ici je propose et illustre quelques améliorations pour un pinceau Richeson (Magic Brush) !!
.
suis nul ? pas réussi à ouvrir la p.j et à découvrir ce pinceau..
Je finis l'apéro et cours en cuisine.
Y a des choses plus sérieuses à faire.. C'est pas Christian qui va me contredire !

Lionel

A voir, un joli exemple de Satista sur la Galerie du Saint Rousseaud :

http://www.disactis.com/galerie/galerie.php?id=30&selection=11

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