Nouvelle aventure au Gélatino-Bromure d'Argent

[floguillon]

Bonjour à tous,

Tout d'abord un immense merci pour ce forum où vous mettez à la lecture de ceux que cela intéresse, votre experience et votre passion terriblement communicative.

Permettez-moi ce petit lyrisme , une nouvelle génération essaie de reprendre le flambeau de la réalisation d'une émulsion au Gélatino-Bromure d'Argent, et ce grâce à vos bons conseils !!

En quelques mots, nous sommes deux passionnés d'argentiques et mordus de procédés alternatifs (moi-même (Florian) et Guillaume), membres fondateurs de l'association les Trois Bains. Nous nous sommes lancés dans la réalisation d'une émulsion en suivant la recette de M. Osterman.

Les premières plaques ont été couchées la semaine dernière et exposées et développées hier (développement HC110 1+31, fixation au rapid fixer d'ilford).

Je dois dire que les résultats sont très encourageants. L'émulsion est sensible, se couche correctement et produit des plaques suffisamment denses et régulières (sensibilité 1 ISO a priori aux vues des essais réalisés hier, dans des conditions sub-optimum (ciel voilé en fin de journée, autrement dit, sans UV...)).

De nombreux axes d'améliorations nous semblent évidents à ce stade puisque les plaques comportaient certains défauts :

- coulures plus épaisses sur certaines;
- léger décollement sur le bord de deux plaques ;
- et surtout - apparition de cratères et de points noirs (s'étendant à la façon d'un champignon sur une optique) à quelques endroits.

Après avoir parcouru ce forum et d'autres forums (Galerie Photo et groupe facebook (dry plates photography) il me semble que les causes pourraient être les suivantes :

- Plaques insuffisamment nettoyées (nous les avions nettoyé avec une pate composée de carbonate de sodium et liquide vaisselle puis passage dans un bain d'eau déminéralisée), nous tâcherons d'être plus rigoureux encore lors de cette étape ;
- présence de poussière sur la plaque ? nous essaierons de passer un pinceau anti-statique préalablement au couchage de l'émulsion; 
- présence de bulles dans l'émulsion (c'est à mon sens l'hypothèse la plus probable) pour y remédier (1) nous utiliserons  un nettoyeur à ultrason (qui me permets d'éliminer instantanément toutes les bulles des solutions liquides (type solution de nitrate) je comprends de M. Osterman que ces appareils fonctionnent à merveille avec la gélatine bromure d'argent et (2) nous chauferrons préalablement les plaques pour une dépose plus uniforme.

J'aurais quelques questions à soumettre à votre sagacité :

- @Lionel, à la lecture des différents sujets liés à la Gelatine Bromure d'Argent, je comprends que vous attachez une importance toute particulière à l'étape du lavage de l'émulsion après sa prise au froid, mais aussi avant de la réchauffer ? C'est une étape qui ne figurait pas dans la recette Osterman(c) non plus que dans l'ouvrage "The light farm", est-ce une étape déterminante pour vous ?
- Quid de l'usage de l'Alun de Chrome ou de Potassium ? nous avons fini par ne pas en utiliser avant le couchage de l'émulsion, nos lectures nous indiquant qu'un bon nettoyage des plaques était suffisant et surtout que l'Alun de Potassium (le seul que nous parvenons à obtenir à ce jour) n'aurait aucun impact sur le maintien d'une emulsion sur verre.

Enfin, et je crois qu'il s'agit là du principal facteur ayant conduit aux défauts sur nos plaques, comment procédez-vous pour le séchage des plaques ?

Notre laboratoire étant un lieu partagé, nous n'avons pas le loisir de laisser les plaques sécher à l'air libre une nuit entière.
Nous avions laissé les plaques dans une safebox (traditionnellement utilisée pour le papier de tirage) mais avons constaté que l'emulsion était encore partiellement "collante" après plusieurs jours.  Suffisamment sèches toutefois pour être chargées dans un chassis 4x5 pour plaques sèches. J'ai d'ailleurs constaté avant développement que le centre des plaques paraissait encore "humide" à la lumière rouge.
Les raisons nous semblent à la réflexion évidentes, le laboratoire est un lieu humide, et la boite ne laisse pas la possibilité à l'air de circuler. Mais compte tenu de nos contraintes tenant au lieu et à l'humidité, quelles solutions ?

Serait-il envisageable de laisser les plaques sécher sous un ventilateur quelques heures ? Je dois avouer que le risque de poussière me refroidit un peu...

Merci par avance pour l'attention que vous porterez à nos quelques interrogations.

En renouvelant nos remerciements pour la mine précieuse d'information qu'est ce forum.

Belle journée,

Florian

PS : @Lionel, je ne parviens pas à mettre la main sur le document récapitulant votre méthode de réalisation/couchage des plaques Gélatino-Bromure d'Argent auquel il est de nombreuses fois fait référence dans ce forum. Pourriez-vous m'indiquer où figure ledit document ? Merci par avance

[Lionel]

Bonjour,

En matière de Gélatino, à notre niveau amateur, la conclusion est :
Plus vous ferez simple en matière de formulation, moins vous aurez de problèmes.

Le Gélatino le plus sûr, qui fonctionne de façon régulière, qui ne décolle pas, ne fourni pas de voile, est constitué de Bromure de Potassium, de Nitrate d'Argent et de gélatine. C'est tout ! 

Il n'y a qu'une seule séquence de lavage de l'émulsion après la première prise en masse. Mais celle-ci doit être optimale car les résidus de Nitrate de Potassium solubles non éliminés peuvent participer au voile et au décollement avec les révélateurs très alcalins.

Les différents artéfacts qui apparaissent au développement sont en général un manque de soin quelque part dans la fabrication ou le traitement. Poussières, pollutions, outils sales, etc.
Mais aussi des bulles lors du couchage.

Les coulures et autres surépaisseurs sont en général un manque de soin au couchage également. Avec l'habitude et les bons gestes, ceci sera vite résolu.

Les décollements sont liés à des plaques grasses.
Il faut les dégraisser parfaitement au coton et à la solution alcoolique de Carbonate de Calcium, époussetées au pinceau doux ensuite et soufflées pour éliminer les poussières.
Le décollement et aussi engendré par certains révélateurs. Une formulation particulière, une trop forte alcalinité ou une durée trop longue.
Les aluns ne sont pas utiles sauf si vous développez par 35°c.

Le meilleur révélateur que j'ai trouvé pour le Gélatino et le ANSCO 40 1+1 6mn. Rapidité, densité, modelé, tout y est.



Au niveau du séchage, plus il sera rapide, mieux ce sera.
Vous éviterez des effets de zone, des débuts de moisissures, des voiles.

Je m'étais fabriqué vite fait une petite chambre de séchage fermée qui fait circuler l'air filtré, avec un carton et un ventilateur horizontal récupéré dans une photocopieuse je crois. Le séchage prenait 1h30 et donnait un résultat parfait.
Bien-sûr il faudrait faire ça plus sérieusement qu'avec du carton. 

[floguillon]

Bonjour Lionel,

Je viens de m'apercevoir que la notification de votre réponse était tombée dans ma boite mail SPAM. J'ai évidemment fait le nécessaire pour le futur !

Merci beaucoup pour votre réponse et ces précisions. Je crois en effet que le travail va résider principalement dans la répétition et la pratique, et c'est d'ailleurs plutôt une bonne nouvelle .
Je vais mettre en place un protocole plus sérieux sur la préparation des plaques avant couchage. Quant aux bulles lors du couchage, j'ai réussi à me procurer une machine nettoyante à ultrason qui semble effectivement parfaitement éliminer les bulles dans l'émulsion pré-couchage.
Je vais scanner les plaques demain pour vous donner un petit aperçu des résultats (moyennement probants ) obtenus.

Pour le séchage je me suis également dégoté deux ventilateurs d'ordinateurs, je vais les fixer provisoirement sur un carton qui reprend le schéma que vous proposez en faisant attention à bien mettre en place un système de filtration.

Merci encore pour vos réponses précises et claire.

Prochaine étape, couchage, exposition et réalisation d'un Shiba à partir des plaques exposées.

Belle journée à vous,

Florian  

[floguillon]

Bonsoir Lionel, bonsoir à tous,

Après pas mal de recherches sur les méthodes d'améliorations à apporter et un peu de temps consacré à l'exercice, les premières belles plaques font leur apparition.

Plus de problèmes de champignons liés à un séchage trop long et poussières, bien qu'encore présentes,  sérieusement réduites.

Voici quelques photos et inversions des plaques réalisées avec mon téléphone, pardonnez donc la piètre qualité.

Je réaliserai des agrandissements des plaques cette semaine et ne manquerai pas de vous revenir avec quelques photos.

La prochaine étape consistera en la préparation d'une nouvelle emulsion ortho cette fois ci, tout en améliorant l'étape de la précipitation afin de gagner un peu en sensibilité, je me bats avec ce qui doit être un ISO 0,5 et donc des plaques un peu sous exposées, la mesure n'étant pas évidente.

Enfin, j'essaierai une V.2 de la boîte de séchage. Elle devra être plus grande pour eloigner le ventilateur des plaques (léger décalage de la quantité de gelatine due à la puissance de l'entrée d'air) et intégration d'un filtre à poussière.

Bonne soirée à tous et bon week-end !

[floguillon]

Les photos en question

[Lionel]

Bonjour,

Félicitations, c'est déjà techniquement bon !

[floguillon]

Merci beaucoup Lionel.

C'est un bon début oui. J'attends beaucoup de la version ortho, l'erythrosine B arrivera cette semaine. La solution est à 0,3% je vais tâcher de trouver un dosage satisfaisant.

Le gros du travail consistera aussi à préserver l'émulsion de la poussière lors du séchage.

Là ce n'était pas terrible.

Bonne soirée,

Florian

[floguillon]

Je pensais ajouter 2 à 3 ml de cette solution d'Erythrosine à 0,3% ayant lu ce soir que vous aviez utilisé Lionel une solution faire de 0,5/250ml (ce ce qui doit faire une solution à 0,2% si je ne m'abuse).