Soufflet pour Chambre Photographique

- Fabrication -

Je reçois parfois des demandes précises sur la méthode à employer pour fabriquer un soufflet de chambre photographique. Il est vrai que cet ingénieux pliage n'est pas aisé à visualiser sans passer par la destruction pure et simple d'un soufflet éxistant. Qu'il soit carré (oblong), rectangulaire ou encore conique, le soufflet de chambre noire est très simple à réaliser si l'on fait de la patience, de la réflexion et de la précision ses meilleures alliées. J'éspère donc ici, réaliser un article suffisamment clair pour les collectionneurs souhaitant rénover une chambre noire ou encore les bricoleurs voulant s'atteler à la fabrication d'une chambre photo.

Tout d'abord, il faut déterminer toutes les dimensions de notre futur soufflet. C'est ici qu'il faut réflechir le plus activement si l'on doit rénover une chambre ancienne.
On prends la mesure intérieure du cadre que nous supposons être 24cm pour une chambre 18x24 carrée, puis la mesure extérieure qui pourra varier suivant les chambres. Ici, supposons 26cm. Les 2cm de différence entre la mesure intérieure et la mesure extérieure du cadre définissent la mesure précise d'une face d'un pli du soufflet. Pour la longueur du soufflet, il faut penser à prévoir environ un tiers en plus de la longueur de tirage maximale de la chambre. Ainsi, si le tirage maximal de la chambre est de 50cm, la feuille de cartoline qui sera employée pour le soufflet devra mesurer environ 70cm de largeur. (pas trop confus ?)

Récapitulons :

Pour notre chambre 18x24cm, nous allons découper une feuille de cartoline de 70cm (tirage maxi plus un tiers) sur 104cm (26cm x 4 cotés) auquels je vais rajouter 2cm pour la jointure centrale, donc 106cm. La cartoline noire que j'utilise est diponible dans les magasins de fournitures pour beaux-arts en feuilles de 55cm sur 75cm. Les dimensions peuvent varier mais il suffit de les coller bout à bout pour obtenir une feuille suffisament grande pour notre soufflet.

Voici un shéma de l'allure que prendra le traçage des plis. (source "Photo-Revue" 15/04/1894) :



Le traçage peut commencer. Ceci reste le plus long et le plus ennuyant dans la fabrication d'un soufflet, surtout lorsque celui-ci est de grand format. Regardez bien la disposition et la mesure des traits au niveau des plis. De leur précision dépendra la réussite. Sur le shéma ci-dessus, la distance entre les deux "I" encadrés en bleu est donc de 24cm (mesure intérieure du cadre) et la distance entre les deux "I" encadrés en rouge est donc de 26cm (mesure extérieure du cadre). A gauche, chaque petit carré autour des plis fait 1cm de coté. La face du pli mesure donc 2cm.

Lorsque tous les tracés ont été effectués, à l'aide d'une pointe de compas je marque les plis.

ATTENTION : Sur le shéma il faut seulement marquer les plis "accordéons" et les traits pointillés marqués en orange.

Lorsque le marquage est terminé, place au pliage. Chaque pli longitudinal doit être formé dans les deux sens en veillant à ne pas déchirer la cartoline. Pour le moment, il ne faut pas se soucier des plis "accordéons".


A présent je vais passer au pliage "accordéon". Pour celà, je donne déjà la forme cubique à la feuille de cartoline. Si chaque pli longitudinal est bien marqué, le pliage "accordéon" ne posera pas de problème.

Regardez bien le pliage. Il faut legerement forcer chaque coin de pli pour former l'accordéon. Vous comprenez également maintenant pourquoi chaque pli longitudinal à été formé dans les deux sens. En effet le prolongement de chaque pli, suivant le coté du soufflet, est à l'intérieur ou à l'extérieur. En fait, la séquence de formation des plis est un enchainement de gestes qu'il est difficile d'illustrer ici, mais avec quelques essais, le coup de main est vite saisi. La main gauche vient dailleur assister le pliage longitudinal pendant que la main droite forme le pli accordéon.

Conseil : Lorsque j'arrive au premier tiers du soufflet, je réattaque l'autre extremité du soufflet afin que les plis se rejoignent au centre. J'ai trouvé que le pliage était plus facile ainsi pour les soufflets de grand format car la main gauche doit également maintenir la partie du soufflet déjà pliée. Ceci n'est pas aisé lorsque le soufflet est de grande taille. A droite, un pli à former et c'est terminé.

Je découpe et prépare maintenant la doublure en tissu du soufflet. Grâce à elle, le soufflet sera plus solide et assurera une bonne étanchéité à la lumière. choisissez-le pas trop épais mais le plus opaque possible. Ici je l'ai découpé legerement plus grand que la feuille de cartoline initiale, et j'ai plié le tout méthodiquement afin d'assurer une mise en place ultérieure facile et rapide sur la cartoline enduite de colle. (vous verrez plus loin comment.)

Je déplie mon soufflet à plat sur quelques feuilles de journal afin de proteger le sol des taches de colle. Si les plis ont été bien marqués, ils resteront apparents, même après le collage du tissu sur la cartoline.

La colle employée ici est appelée "colle de pâte". C'est avec elle que les soufflets étaient fabriqués autrefois, car elle est très économique, sèche tranquillement et assure un collage TRES résistant du tissus sur le carton. Pourquoi se ruiner dans des masses de colles modernes ? Voici la recette de la colle de pâte :
1) Délayer 100 g de farine dans 0,3 l d'eau froide.
2) Verser le mélange dans 1/2 l d'eau bouillante et faire cuire en tournant à la cuillère.
3) Lorsque la pâte épaissit, arrêter la cuisson et laisser refroidir.
4) Eventuellement, ajouter quelques gouttes de formol pour assurer la conservation.

Très rapidement, à l'aide d'un large pinceau plat, j'enduit la cartoline d'une couche de colle de pâte. Il ne faut pas avoir peur d'en mettre un peu trop car le tissu qui n'aurait pas bien adheré à la cartoline nuirait à la tenue du soufflet dans le temps.

Une fois que toute la cartoline est enduite, je m'empare rapidement de mon tissu plié précèdement et le place dans la partie supérieure gauche de la feuille de cartoline. Regardez bien enuite la séquence de mise en place qui s'effectue simplement et très rapidement :




Lorsque le tissu est bien en place sur la cartoline, je le fais adherer fermement par pression à l'aide d'un magasine à couverture au papier glacé qui à l'avantage de bien glisser. Ceci à le double avantage de chasser les éventuelles bulles d'air qui subsistent entre la cartoline et le tissu. Ceci fait, je laisse prendre la colle pendant quelques minutes... (Il est possible de rajouter également une couche de cuir fin sur l'autre face de la cartoline si l'on est courageux et soigneux de retrouver un aspect impeccable.)

Avant que le tout soit totalement sec, je reforme les plis du soufflet. Il est très important de ne pas effectuer cette opération lorsque la colle est sèche car la cartoline ne suporterait pas les contraintes de pliage et se déchirerait. Lorsque le tout est encore humide, les plis prennent bien leur place, le tissu et la cartoline s'ajustent naturellement. Il ne faut pas s'inquieter si le soufflet gondole legerement, ceci sera rattrapé lors du séchage definitif sous presse.

Les plis du soufflet étant reformés, je découpe maintenant la marge de tissu que j'avais prévu en plus et qui m'est à présent inutile.

Je vais maintenant souder les deux parties du soufflet. C'est ici que l'on comprends pourquoi j'ai prévu un ou deux centimètres supplémentaires sur la longueur de la feuille de cartoline. Ici j'utilise une colle rapide.

Lorsque les deux parties sont soudées, je place mon soufflet sous une presse constituée d'une planche de bois et de plusieurs livres lourds (les encyclopédies Kodak sont pas mal pour ça aussi). J'abandonne ainsi le tout afin que la colle sèche tranquillement et que les plis du soufflet prennent bien leur forme définitive.

Après un ou deux jours sous presse, le soufflet est terminé, prêt à être collé sur la chambre.

Pour les soufflets coniques ou rectangulaires, il n'y a aucune difficulté supplémentaire, il suffit de bien prendre ses mesures.